BCE : dernière réunion pour 2013, pas de changement de taux en vue

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éenne (BCE) Francfort en Allemagne (Photo : Daniel Roland)

[05/12/2013 09:05:41] Francfort (AFP) La Banque centrale européenne (BCE) devrait se garder de toute nouvelle action jeudi, pour sa dernière réunion de l’année, un mois après la baisse surprise de son principal taux d’intérêt directeur.

Le président de la BCE Mario Draghi est un “homme d’action (…) mais le redressement de l’inflation et le renforcement des indicateurs de confiance (en zone euro) vont certainement conduire à une pause”, estime Christian Schulz, économiste chez la banque Berenberg.

Début novembre, l’institution monétaire de Francfort avait justifié la baisse de son taux d’un quart de point à 0,25% -soit son plus bas niveau historique- par le niveau très faible de l’inflation (0,7% en octobre) et la perspective d’une hausse des prix très modérée au cours des prochains mois.

Or, cet indicateur a légèrement rebondi en novembre, avec +0,9%, tandis que la reprise en zone euro s’est confirmée même si elle reste fragile.

Pour Carsten Brzeski, économiste chez ING, trois arguments plaident contre une action de la BCE ce mois-ci: la baisse de taux de novembre a soulevé l’opposition d’une partie du conseil des gouverneurs; certaines mesures envisagées méritent encore d’être étudiées; la BCE n’a pas l’habitude de tirer deux fois de suite.

Toutefois, une nouvelle mesure ne saurait être qu’une question de temps et les prévisions révisées d’inflation et de croissance pour 2014 et 2015 de ses services, qui seront annoncées jeudi, devraient annoncer la couleur pour l’avenir, juge-t-il.

M. Draghi “sera probablement contraint de prendre des mesures si les perspectives d’inflation continuent de déraper”, estiment Richard Barwell et Xinying Chen, de RBS.

Pour Sylvain Broyer, Jean-François Robin et Cédric Thellier, économistes chez Natixis, davantage que l’inflation, c’est le niveau des crédits accordés par les banques au secteur privé qui devient inquiétant. En octobre, leur recul s’est accentué, à -2,1%, avec une dégradation marquée en direction des entreprises. Or sans crédit pas d’investissement et pas de croissance économique.

C’est pourquoi les analystes s’attendent à ce que la BCE dégaine rapidement un nouveau prêt à long terme (LTRO) en faveur des banques.

Equilibre entre audace et témérité

Les deux précédents LTRO, fin 2011 et début 2012, d’un montant total de quelque 1.000 milliards d’euros, n’ayant pas eu d’effet sur la relance du crédit, l’idée circule que le futur LTRO soit conditionné au fait que les banques prêtent effectivement aux entreprises.

Une autre option envisagée est que la BCE porte son taux de dépôt, auquel les banques peuvent placer leurs liquidités excédentaires dans ses caisses pour 24 heures, en territoire négatif, encore une fois pour les encourager à prêter.

Ce taux est de 0% depuis juillet 2012. Mario Draghi a répété à de nombreuses reprises que son institution était techniquement prête à le faire mais sans franchir ce pas.

“Le bénéfice d’un taux négatif continue d’être plus hypothétique que les risques qui y sont associés”, en premier lieu parce qu’il peut entraîner un remboursement accéléré des précédents LTRO et donc une baisse des liquidités disponibles, “ce qui aurait l’effet inverse de celui souhaité”, estiment les économistes de Natixis.

Parmi la liste des mesures encore envisagées figure la possibilité que la BCE achète des actifs auprès du secteur privé. Cette idée a notamment été évoquée par son chef économiste Peter Praet, sans préciser à quels actifs il pensait.

“Aucune des mesures possibles n’est sans risque” et “la BCE va devoir trouver le bon équilibre entre audace et témérité”, a résumé Carsten Brzeski.

Par ailleurs, une annonce sur la publication des compte-rendus des réunions de la BCE, promise cet été par M. Draghi, est attendue. Son impact sur les marchés pourrait être limité dans un premier temps, selon Natixis, mais “elle montrera que la BCE se veut proactive et pourrait préserver les marchés européens des effets défavorables d’une hausse des taux causée” par un durcissement de la politique de la Réserve fédérale américaine.