Chine : feu vert de Pékin à une coentreprise Renault-Dongfeng

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îne de montage du constructeur chinois Dongfeng, en juillet 2013 (Photo : AFP)

[05/12/2013 10:31:02] Pékin (AFP) Le constructeur automobile chinois Dongfeng a annoncé jeudi avoir reçu le feu vert des autorités pour constituer avec Renault une coentreprise en Chine, offrant au groupe français une implantation industrielle sur le premier marché mondial.

Les deux constructeurs posséderont chacun 50% des parts de la nouvelle entité, fruit d’un investissement commun de 7,76 milliards de yuans (932 millions d’euros), a précisé Dongfeng dans un communiqué.

Basée à Wuhan, dans la province centrale du Hubei, cette coentreprise dont la concrétisation était attendue de longue date devrait produire 150.000 véhicules par an, mais cette capacité “pourra être étendue selon les besoins du marché”, sans que soit précisée une date pour le début de l’activité.

Cette annonce est intervenue quelques heures avant l’arrivée à Pékin du Premier ministre français Jean-Marc Ayrault, pour une visite de cinq jours dédiée à la coopération économique et durant laquelle il se rendra précisément à Wuhan.

Discuté depuis longtemps et objet d’un protocole d’accord entre les deux groupes en mars 2012, le projet d’alliance entre Dongfeng et Renault a reçu lundi l’approbation formelle de la Commission nationale pour le développement et la réforme (NDRC), plus haute instance chinoise de supervision économique.

Renault était le seul parmi les dix plus grands constructeurs automobiles du monde à ne pas assembler de véhicules en Chine.

Un partenaire de poids

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à Pékin, en 2011 (Photo : Liu Jin)

Avec Dongfeng, la marque au losange s’offre un partenaire de poids: avec 3,08 millions de véhicules vendus en 2012 (16% du marché), il s’agit du deuxième constructeur du pays, derrière son concurrent SAIC — grand allié de Volkswagen et General Motors, implantés depuis des décennies en Chine.

Dongfeng, dont le nom signifie “Vent d’Est”, a multiplié les alliances tous azimuts, créant des coentreprises avec PSA Peugeot Citroën, le concurrent français de Renault, avec les japonais Honda et Nissan, ainsi qu’avec le suédois Volvo –propriété du chinois Geely– sur une activité poids-lourds.

Dongfeng étudie par ailleurs la possibilité d’une prise de participation dans PSA.

Renault, premier actionnaire de Nissan — dont il contrôle 43,4% –, a longtemps laissé son partenaire nippon prospérer seul en Chine, y occupant jusqu’à 7,7% de parts de marché.

Mais Nissan, comme les autres constructeurs japonais, y a vu ses ventes s’effriter nettement ces deux dernières années, sur fond de vives tensions géopolitiques entre Pékin et Tokyo.

“Etant donné les perspectives moroses des marques japonaises en Chine, Renault et Nissan préfèrent sans doute avoir deux marques dans le pays pour conforter leur présence”, a indiqué à l’AFP John Zeng, analyste du cabinet spécialisé basé à Shanghai LMC Automotive.

Renault et Dongfeng projettent d’inclure dans leur production à Wuhan “des véhicules utilisant des sources d’énergie alternative”, a indiqué le constructeur chinois, une formule pouvant s’appliquer aux voitures électriques ou hybrides.

Mais les premiers véhicules assemblés devraient probablement être des Koleos — une gamme de 4×4 urbains assemblée jusque-là en Corée du Sud, et “son seul vrai succès en Chine jusque là”, a estimé M. Zeng.

Un succès cependant limité à quelques dizaines de milliers d’unités, une goutte d’eau parmi les 19,31 millions de véhicules vendus l’an dernier sur le marché chinois — et extrêmement loin derrière ses concurrents y ayant un fort ancrage industriel de longue date.

General Motors avait ainsi vendu 2,81 millions de véhicules en Chine en 2012 (une progression de 11% sur un an), tandis que Volkswagen y écoulait 2,84 millions d’unités (un bond de 25%).

Un marché crucial

La Chine est considérée comme un marché crucial pour les constructeurs étrangers confrontés à une demande morose dans le reste du monde.

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éée par PSA Peugeot Citroën et Dongfeng (Photo : AFP)

Après une progression de 4,3% l’an dernier, les ventes automobiles devraient enregistrer une forte accélération en 2013. Elles ont bondi d’environ 20% sur un an en septembre comme en octobre.

Selon les prévisions du cabinet McKinsey, le marché chinois des voitures particulières devrait croître de 8% par an en moyenne d’ici à 2020, pour atteindre 22 millions d’unités vendues par an.

La nouvelle alliance avec Dongfeng sera mise en place via la restructuration d’une coentreprise précédente entre Renault et China Sanjiang Space Group, firme chinoise avec laquelle le français s’était associé en 1993 pour produire en Chine le véhicule utilitaire Trafic.

L’expérience avait échoué et toute activité avait été suspendue en 2003 en raison de ventes décevantes, mais Renault avait néanmoins conservé sa licence de production dans le pays.