Croissance américaine plus vive qu’escompté au troisième trimestre

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La Maison Blanche (Photo : Mandel Ngan)

[05/12/2013 17:42:35] Washington (AFP) L’économie des Etats-Unis a progressé plus que prévu au troisième trimestre, mais cette croissance est davantage tirée par une accumulation des stocks que par la consommation.

Selon une deuxième estimation du département du Commerce publiée jeudi, la croissance du Produit intérieur brut (PIB) américain a accéléré pour s’afficher à 3,6% en rythme annualisé entre juillet et septembre. C’est 0,8 point de pourcentage de plus que la première estimation (2,8%).

Les analystes tablaient dans leur prévision médiane sur une croissance de 3%.

Au deuxième trimestre, la croissance avait été de 2,5%.

Cette nouvelle estimation réévalue en forte hausse l’ampleur des stocks accumulés par les entreprises. Pour la première fois depuis 2010, ces nouveaux stocks comptent désormais pour près de la moitié de la croissance, soit 1,68 point, contre 0,8 point lors de la première estimation.

Ces stocks se sont accumulés dans le commerce de gros et de détail, dans le bâtiment et la production minière, précise le ministère. Une telle progression des stocks peut refléter un sentiment d’optimisme des acteurs économiques par rapport aux ventes futures mais elle peut aussi signifier que la demande ne s’est pas matérialisée et que les invendus se sont empilés.

“Cette accumulation de stocks qui doublent par rapport au deuxième trimestre n’est pas durable et sera un poids au quatrième trimestre”, s’alarme Ian Shepherdson, chef économiste pour Pantheon Macroeconomics.

Un empilement des stocks est en général suivi par un réajustement aux trimestres suivants de la part des industriels, des grossistes et des détaillants. “Cela aura un impact négatif sur la croissance économique au quatrième trimestre et peut-être même début 2014”, prédit Doug Handler, chef économiste de IHS Global Insight.

“C’est la plus rapide progression du PIB depuis le premier trimestre 2012 mais tout est dans les stocks”, commentait Jennifer Lee, analyste pour BMO.

Progression médiocre de la consommation

Pour Paul Ashworth, de Capital Economics, cette progression des stocks est moins négative qu’il n’y paraît. “Ces stocks ne s’accumulent pas à cause des invendus”, assure-t-il, soulignant que la croissance des ventes des entreprises s’était accélérée notablement, laissant un ratio de stocks par rapport aux ventes inchangé.

“Même si ces stocks vont peser sur le prochain trimestre, il y a de quoi être optimiste car le taux d’épargne a augmenté”, ajoute cet analyste.

Le revenu disponible des ménages a en effet progressé de 2,9%, contre 2,5% pour la première estimation, le meilleur niveau depuis début 2008.

Au troisième trimestre, les dépenses de consommation, qui ont apporté une contribution positive à la croissance, ont néanmoins été revues en légère baisse, progressant de 1,4% contre 1,5% précédemment estimé.

Elles comptent désormais pour 0,96 point dans la croissance du PIB. La demande finale, qui représente la production sans les stocks, a ralenti sa progression par rapport au trimestre précédent, à 1,9% contre 2,1%.

Pour Peter Newland, analyste pour Barclays Research, “cet équilibre de la croissance, composé d’un très fort accroissement des stocks et d’une progression médiocre de la consommation, ne va pas persuader les autorités de politiques monétaires que l’économie est sur une base plus solide”.

Ainsi certains de ses confrères ont déjà révisé en baisse leur prévision de croissance pour le dernier trimestre 2013, estimant qu’il y aura un renversement de tendance sur les stocks. Barclays Research ne prévoit plus qu’une expansion de 1,5% au dernier trimestre, contre 1,8% il y a deux jours.

Pourtant, de bons indicateurs ont émaillé le trimestre en cours avec des ventes de maisons neuves en hausse inédite depuis 30 ans, un indice manufacturier ISM au meilleur niveau depuis le printemps 2011 et des inscriptions hebdomadaires au chômage sous la barre des 300.000 fin novembre.

Vendredi, l’administration publie le taux de chômage pour novembre, qui devrait baisser un peu. Paraissent également les dépenses de consommation pour novembre, qui comptent pour les deux tiers de l’économie américaine.