La Grèce vote un nouveau budget de rigueur dans un frisson d’insoumission

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à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

[07/12/2013 11:00:34] Athènes (AFP) Le parlement grec vote samedi un nouveau budget de rigueur pour 2014, dans un climat de défi vis-à-vis de ses créanciers de l’UE et du FMI dont elle attend une reconnaissance plus tangible des sacrifices et des progrès accomplis depuis le début de la crise.

La loi de finances, débattue depuis mardi, sera soumise au vote dans la nuit de samedi à dimanche. Après six années consécutives de récession, elle prévoit un retour à la croissance avec un PIB en progression de 0,6%.

La majorité du gouvernement de coalition conservateurs-socialistes d’Antonis Samaras est étriquée, avec 154 sièges sur un total de 300, mais cela ne devrait pas compromettre l’adoption du texte.

Le gouvernement a en effet pris soin de repousser après le vote la discussion parlementaire sur deux sujets potentiellement explosifs: le sort du moratoire sur les saisies immobilières qui expire le 31 décembre; une nouvelle taxe immobilière très critiquée.

Sur ces deux chapitres, Athènes bataille à la fois avec sa majorité et ses créanciers UE-BCE-FMI.

La Grèce et la troïka peinent par ailleurs à boucler des discussions entamées fin septembre sur les conditions du versement d’une tranche d’un milliard d’euros dans le cadre du second plan de sauvetage du pays. Le point le plus litigieux porte sur la liquidation de l’industrie de défense EAS.

Un accord presse d’autant plus que la Grèce prendra le 1er janvier la présidence de l’Union européenne pour six mois.

Le budget sera donc exceptionnellement voté sans aval total de la troïka, avec la possibilité d’être amendé dans les prochains mois: Athènes et ses bailleurs sont également divisés sur les besoins de financement du pays en 2014, estimés par la Grèce à 500 millions d’euros mais au triple par les créanciers.

La loi prévoit en l’état une hausse de 2,1 milliards des revenus tirés des impôts pour une baisse de 3,1 milliards des dépenses, via des coups de rabot dans les secteurs de la santé, des assurances sociales et de l’éducation.

“Résilience” grecque

“Il faut faire plus sur le plan budgétaire et en ce qui concerne les réformes de la fiscalité et de l’administration publique, les privatisations”, a exhorté cette semaine le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, après une rencontre avec Antonis Samaras à Bruxelles.

“Les athlètes grecs ne montrent pas de signes de fatigue mais font preuve de résilience”, a répliqué le Premier ministre.

La veille à Athènes, lors d’une conférence internationale, il avait défendu les “efforts”, “progrès” et “grands sacrifices” d’un pays qui a réduit son déficit budgétaire de 15% du PIB en 2009 à 2,2% prévu en 2013, au prix d’un chômage dépassant les 27%, d’une chute cumulée du PIB de 25% et du pouvoir d’achat de 40%.

Le vice-premier ministre socialiste Evangelos Venizelos s’est fait encore plus ferme au parlement: “nous ne cherchons pas négocier de faveur politique, nous présentons des résultats économiques, nous voulons la reconnaissance des sacrifices accomplis par le peuple grec”.

Pour la première fois depuis longtemps, un excédent primaire (hors service de la dette) devrait être atteint cette année, à hauteur de 812 millions d’euros avant de passer à environ 3 milliards d’euros en 2014, soit 1,6% du PIB.

Grâce à cet excédent, la dette explosive de la Grèce devrait enregistrer une baisse inédite à 174,8% du PIB, soit 320 milliards d’euros.

Vendredi dernier, l’agence de notation financière Moody’s a relevé de deux crans la note de la Grèce, à “Caa3”.

Les responsables grecs commencent à évoquer une sortie des plans d’aide internationaux, à l’échéance du second programme de sauvetage en juillet 2014, et assurent préparer un retour du pays sur les marchés. Quelque 240 milliards de prêts ont été injectés dans le pays depuis son placement sous perfusion de l’Europe et du FMI en 2010.

Loin de cet optimisme, les syndicats qui appellent à manifester devant le parlement samedi soir, dénoncent un budget qui va conduire à “une hausse du chômage, un appauvrissement de la population, l’effondrement de la cohésion sociale et une crise humanitaire sans précédent.”