La Tunisie est le pays de la région de l’Afrique et du Moyen-Orient (Mena) qui accorde le plus de crédits, soit un taux de 62,5%, contre une faible structure des dépôts qui ne dépasse pas les 56%, révèle une étude présentée, vendredi, sur la restructuration du système bancaire et financier en Tunisie.
Toutefois, l’étude fait ressortir que la croissance des crédits accordés par les banques tunisiennes ne concerne que ceux octroyés aux particuliers, et ce au détriment des crédits alloués au secteur productif, lesquels n’ont évolué que de 6,8%.
Présentée par l’universitaire Sami Mouley, en marge des travaux des Journées de l’entreprise qui se sont déroulées les 6 et 7 décembre 2013 à Sousse, l’étude précise que l’accès des PME (petites et moyennes entreprises) et PMI (petites et moyennes industries) aux ressources des fonds bancaires et non bancaires est l’obstacle majeur auquel celles-ci sont confrontées, bien qu’elles représentent 89% du tissu entrepreneurial et emploient 65% de la main-d’œuvre.
Ces difficultés de financement se manifestent, précise l’étude, dans un taux de garantie très élevé exigé par le système bancaire tunisien, soit un taux de 196% de l’encours de crédits et ce, contre un taux qui ne dépasse pas les 100% au Maroc.
A court terme, l’étude a proposé un plan d’actions prioritaires qui s’appuie essentiellement sur l’identification des obstacles majeurs à l’accès des entreprises privées, notamment les PME – PMI, aux sources de financement. Il y a lieu, en outre, de veiller à préserver une meilleure inclusion bancaire et financière, notamment régionale, et ce, pour assurer une meilleure contribution du système bancaire et financier à la relance d’une croissance de qualité génératrice d’emplois à partir de 2014.
Ainsi, pour limiter les contraintes des garanties hypothécaires, ce plan d’action prévoit la mise en place de mesures de soutien aux entreprises économiques et de considérer les crédits accordés aux PME comme des contreparties du refinancement des banques auprès de la Banque Centrale de Tunisie (BCT).
Toujours dans le cadre des recommandations relatives aux PME et PMI, le dit plan d’action, proposé par l’étude, montre une nécessité de dynamiser le marché alternatif des titres PME-PMI par une fiscalité plus attrayante aux participations des organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM).
Il s’agit, par ailleurs, de réformer le capital- investissement (SICAR et FCPR), au niveau du régime spécifique des contrats de portage avec les PME.
Pour la restructuration du système bancaire et financier, l’étude recommande des axes de réformes basés sur des objectifs transversaux à moyen terme. Ces objectifs reposent principalement sur la consolidation des fonds propres des banques (notamment publiques), le respect des exigences en matière de niveau de liquidité globale du système bancaire et la couverture des prêts par des dépôts stables.
Il s’agit également de garantir une meilleure capacité du marché financier à mobiliser l’épargne pour l’investissement et d’engager des réformes touchant les instruments de la finance non conventionnelle (mezzanine finance, business angels,…) pour une meilleure optimisation de nouvelles sources de financement.
S’agissant des relations du système bancaire avec le secteur productif, l’étude propose de déplafonner le taux d’intérêt sur les crédits accordés aux entreprises économiques. Il y a lieu de rappeler que l’étude a considéré que la vision des autorités monétaires et financières pour la stratégie de réformes bancaire et financière risque d’être incomplète si elle n’est pas conçue dans une perspective plus large et dimensionnelle.
En effet, cette stratégie n’a été envisagée, jusque-là, que sous deux angles réducteurs, à savoir la restructuration bancaire -placée uniquement sous le volet de la capitalisation des banques publiques en difficultés-, et la dynamisation du marché financier (et en particulier boursier) -par la seule alternative de consolidation du nombre et du volume des introductions en Bourse..