Une honnêteté et une intégrité intellectuelles que nombre de prétendus militants ou militantes politiques de longue date oseraient prétendre. Et c’est peut-être le fait de n’avoir jamais appartenu à un clan politique ou même «entrepreneurial» qui a épargné à Wided Bouchamaoui, présidente du patronat tunisien, d’être salie par les magouilles politiques et les enjeux économiques de bas étages et de basses castes.
C’est ce qui lui permet de dire tout haut ce que beaucoup de Tunisiens pensent tout bas. Des Tunisiens blessés dans leur culture de paix, de tolérance et de civisme, trahis par ceux auxquels ils ont cru et menacés dans leur qualité et style de vie.
La présidente vient de démentir, dans un communiqué publié lundi 9 décembre 2013, les accusations de l’un des membres du Conseil d’Administration de la BCT incriminant des membres de l’UTICA d’avoir suggéré au FMI de surseoir à sa décision de débloquer une partie du crédit accordé auparavant à la Tunisie.
«Les représentants de l’UTICA n’ont fait qu’exposer en toute clarté à la délégation du Fonds monétaire international la situation économique actuelle du pays et les répercussions de la crise politique sur la situation socioéconomique», a indiqué Wided Bouchamaoui, déplorant les tentatives de certaines personnes de ternir l’image de la communauté d’affaires dans notre pays.
La présidente de l’UTICA n’en est pas à sa première dénonciation quant à ce qui se trame sur la scène politique tunisienne et qui bloque toutes les issues pour un renouveau économique. Tout récemment sur la chaîne France 24, elle dénonçait la responsabilité des politiques dans le marasme économique, abordant le blocage des négociations au niveau du Dialogue national pour le choix d’un nouveau chef de gouvernement. «Le Dialogue représente pour nous la meilleure issue pour une sortie de crise rapide. Toutefois, il s’éternise. A ce propos, nous ne pouvons nier l’implication des partis politiques dans cette crise qui ne cesse de se compliquer de jour en jour. Les partis n’arrivent pas à un consensus dans le choix d’une personnalité politique pour le poste de chef de gouvernement».
Wided Bouchamoui ne mâche pas ses mots, elle accuse les partis de faire passer leurs calculs politiques avant les intérêts du pays et soutient que les Tunisiens ont donné suffisamment de temps aux décideurs politiques pour trouver une solution. «Notre crédibilité en tant que quartette est aujourd’hui altérée car, à chaque fois, nous reportons le dead line quant au choix final du candidat “idéal“. Le dernier report a été toléré suite à l’insistance de certains partis politiques pour un nouveau round de pourparlers. Il est entendu qu’en tant que quartette, nous préférons le consensus à toute forme de confrontation qui risquerait d’avoir des conséquences désastreuses sur un pays déjà fragilisé par trop d’incertitudes et d’hésitations».
Toutefois, reprend la présidente de l’UTICA, ce report est celui de la dernière chance car il est grand temps pour que chaque composante du Dialogue national assume la responsabilité de ses actes: «Il n’est pas normal qu’à chaque fois qu’il y a accord sur une personnalité nationale, on commence à ouvrir des dossiers, fouiner dans sa vie et chercher des prétextes pour justifier son rejet. Si, à chaque fois que l’on cite le nom d’une personnalité, on commence à fouiller les placards pour y chercher des cadavres, on ne s’en sortira pas. Il y a une justice qui doit assumer et assurer son rôle. Personne n’a le droit de s’immiscer dans ses affaires».
La présidente de l’UTICA a déploré le jeu de renvois de balles entre Troïka et opposition. «Est-il normal que dans un pays qui abonde en compétences, nous n’arrivions pas à trouver le profil adéquat pour occuper le poste de Premier ministre?», s’interroge-t-elle.
Wided Bouchamaoui a déclaré qu’Ennahdha et Ettakatol refusent que le quartette propose une personnalité neutre et crédible pour être chef de gouvernement. «Les partis politiques ne font que s’accuser et se calomnier, il n’y a pas de justice transitionnelle, le gouverneur de la BCT n’arrive plus à trouver les mots pour expliquer la situation du pays aux bailleurs de fonds internationaux, et les opérateurs privés sont toujours mis au pilori. Nous ne pouvons pas continuer ainsi. Nous avons besoin de sérénité et de réconciliation pour sauver le pays. Nous avons surtout besoin d’arrêter ces campagnes qui n’en finissent pas d’enquêter sur la vie des personnalités nationales et la recherche du moindre détail pour bloquer le sauvetage du pays».
Les choses sont dites clairement, à ce jour, il n’y a pas de radeau de la Méduse pour sauver le pays. Ni majorité ni opposition ne peuvent aujourd’hui se disculper de leurs responsabilités dans le marasme qui secoue la Tunisie. La Troïka, qui use de tous les prétextes, y compris de sa majorité à la Constituante, pour peser de tout son poids dans les négociations, et une opposition plus préoccupée par la gestion de ses compromissions, de ses accords et de ses alliances avec la majorité ou avec des lobbys intéressés et illicites que par les hauts intérêts de la Tunisie. La Tunisie, notre mère patrie, la seule. Car nombreux sont ceux qui semblent croire que leur patrie se résume à leurs «maîtres à penser» qui pensent tout d’abord à eux avant de réfléchir à l’intérêt général. «Wil Fahem Yifhim».