EADS s’efforcera de limiter les licenciements

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és défense et espace (Photo : Eric Piermont)

[10/12/2013 14:31:30] Paris (AFP) Le groupe d’aéronautique et de défense EADS a assuré mardi qu’il s’efforcerait de limiter les licenciements secs au terme d’une restructuration de ses activités défense et espace, qu’il juge indispensable pour garantir l’avenir.

“Nous devons agir maintenant”, a lancé Tom Enders, le patron du futur groupe Airbus, en défendant les 5.800 suppressions de postes sur trois ans annoncées lundi et qui affecteront pratiquement à égalité l’espace et les activités de défense.

Les commandes militaires sont en baisse et la compétition internationale sur les marchés émergents s’accentue. “Ne rien faire serait irresponsable et entraînerait une situation beaucoup plus grave pour nos employés et pour la performance du groupe d’ici deux ans”, a-t-il averti lors d’une conférence de presse téléphonique.

Le directeur des ressources humaines Thierry Barril a précisé que 1.300 contrats temporaires ne seraient pas renouvelés en 2014. De plus, 500 postes seront supprimés dans les fonctions centrales du groupe et, au sein des divisions, approximativement 2.000 en Allemagne, 1.260 en France, 557 en Espagne, 450 en Grande-Bretagne, 180 dans le reste du monde.

Après les mesures de reclassement au sein du groupe, les retraites anticipées et les départs volontaires, la direction s’attend à un solde de 1.000 à 1.450 licenciements secs. Tom Enders a jugé prématuré de dire quel pays serait le plus affecté au final.

Cependant, “nous faisons de notre mieux pour limiter les licenciements au terme du processus”, a déclaré Thierry Barril. Il a fait valoir que le groupe allait engager des négociations avec les syndicats, notamment sur le temps de travail, pour parvenir à une réduction des coûts qui permettrait de limiter les pertes sèches d’emploi.

Le ministre français du Travail Michel Sapin a estimé qu’EADS avait le devoir d’éviter “tout licenciement”. Le ministère allemand de l’Economie a appelé EADS à procéder à sa restructuration “en douceur” et à ne pas la faire peser exclusivement sur les sites allemands.

“Très détendu face aux réactions politiques”

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élegué CGT, le 10 décembre 2013 à Toulouse (Photo : Eric Cabanis)

Tom Enders a expliqué que les gouvernements espagnol, français, britannique et allemand avaient été prévenus des réductions de postes.

Il a dit ne pas être surpris par la déclaration de M. Sapin et en attendre d’autres dans le même sens. “Je suis très détendu face aux réactions politiques”, a-t-il déclaré.

Des syndicats, l’allemand IG Metall et le français Force Ouvrière, ont critiqué le projet qu’ils voient dicté par la seule logique financière.

“Nous avons entendu les mêmes critiques” lors de la restructuration d’Airbus il y a sept ans, a rappelé Tom Enders, mais ce plan, baptisé Power 8 et qui a supprimé 7.900 postes, a été un succès, selon lui.

La restructuration verra la fusion des divisions Astrium (espace), Cassidian (défense) avec l’activité avions de transports militaires d’Airbus, pour former une seule division Airbus Defense and Space. L’espace perdra 2.470 postes presque autant que la défense qui va en abandonner 2.830, a précisé le patron de la nouvelle division Bernhard Gerwert.

“Cette activité n’est pas rentable du tout”, a-t-il affirmé, soulignant que la société américaine SpaceX proposait des lancements de satellites 30% moins cher que ceux que la fusée européenne Ariane.

La direction n’a pas été en mesure d’établir à ce jour une liste de tous les sites qui seraient fermés dans le cadre de cette restructuration. M. Gerwert a simplement mentionné le transfert du siège de Cassidian à Unterschleissheim vers Ottobrunn, tous les deux dans la banlieue de Munich, la vente du siège historique d’EADS à Paris, et le transfert des activités de Suresnes, dans la banlieue parisienne, vers les centres d’Elancourt et Les Mureaux, dans les Yvelines.

M. Enders a souligné que tous les groupes de défense dans le monde étaient en train de se restructurer. Mais si EADS avait pu fusionner avec le fabricant d’armes britannique BAE Systems l’année dernière, “nous aurions eu moins de réductions de postes que dans la situation où nous devons le faire seuls”, a-t-il estimé, et “à moyen et long terme, cela aurait eu des conséquences bénéfiques pour l’emploi”.

Le gouvernement allemand avait opposé une fin de non recevoir à ce projet l’année dernière. EADS lui avait pourtant proposé de garantir le maintien des emplois. “C’était valable à l’époque”, a simplement déclaré Tom Enders.