Kem One : les salariés votent le blocage des sites

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és de Kem One manifestent à Lyon pour la sauvegarde de leurs emplois, le 9 septembre 2013 (Photo : Philippe Desmazes)

[10/12/2013 15:11:39] Lyon (AFP) A deux jours de la décision du tribunal de commerce de Lyon sur l’avenir du groupe chimique Kem One, en redressement judiciaire depuis mars, les salariés, inquiets, ont voté mardi la grève et le blocage des cinq sites de production, selon les syndicats.

“Au cours des assemblées générales sur les sites de Kem One en Paca et Rhône-Alpes, il a été décidé d’appeler à la grève dès mercredi matin, avec occupation et blocage des usines, jusqu’à ce que les conditions suspensives (aux projets de reprise, ndlr) soient levées”, a déclaré à l’AFP Jérôme Guillemin, secrétaire CGT du comité d’entreprise du site de Saint-Fons (Rhône).

Franck Zarbo, délégué FO sur le site de Lavera (Bouches-du-Rhône), a confirmé la décision des salariés, qui concerne aussi les sites de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), Balan (Ain) et Saint-Auban (Alpes-de-Haute-Provence), où une AG était encore en cours mardi après-midi.

Lundi matin, l’administrateur judiciaire avait informé les représentants du personnel réunis au siège de l’entreprise à Lyon que certaines conditions suspensives, indispensables à l’aboutissement des plans de reprise, n’étaient toujours pas levées.

Elles concernent d’une part l’apurement des dettes de Kem One à l’égard de ses fournisseurs (Total, Arkema, EDF principalement), mais aussi les contrats commerciaux – et les ristournes – passés avec eux; d’autre part les engagements financiers, notamment des pouvoirs publics, escomptés par les repreneurs potentiels.

Faute de levée de ces conditions, le CCE au cours duquel les deux repreneurs restant en lice devaient présenter leurs offres complètes – et sur lesquelles le CCE devait donner son avis – n’a donc pas eu lieu mardi, a précisé M. Guillemin.

“Au vu de l’indigence des dossiers que l’administrateur nous a présentés hier, nous avons décidé de bloquer les portails demain à 08h00: on s’enferme dans nos usines, on les occupe, même si on poursuit la fabrication. Personne ne rentre ni ne sort tant que nous n’obtenons pas des éléments tangibles”, a déclaré à l’AFP Philippe Lemarchand, coordinateur CGT pour le groupe Kem One, basé à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône).

Il dénonce “ceux qui nous manquent de respect” – Total, repreneurs, représentants de l’Etat, etc. – et évoque une “situation d’insurrection”. Selon lui, l’AG à Fos-sur-Mer a réuni mardi 130 personnes sur quelque 300 salariés.

Après le retrait de celui de la CGT la semaine dernière, ne restent plus que les projets du fonds américain Opengate Capital et de l’industriel français Alain de Krassny, un ancien de Rhône-Poulenc qui dirige le groupe chimique autrichien Donau Chemie.

Le tribunal de commerce de Lyon doit en principe mettre fin, jeudi, à l’attente des 1.300 salariés de Kem One concernés par la procédure de redressement judiciaire – ceux de la branche amont (chlorochimie et production de PVC) – en choisissant – ou non – un repreneur.

Mais le préfet du Rhône Jean-François Carenco a laissé entendre lundi que le tribunal pourrait reporter sa décision d’une semaine, rappelant l’engagement du gouvernement “à ce qu’une décision définitive intervienne avant Noël”.

“Si le tribunal de commerce n’a pas assez d’éléments en main jeudi, comme des promesses de signature de contrat, pour prononcer le report d’une semaine de sa décision, on peut s’attendre à une liquidation”, a rétorqué M. Guillemin.