La Slovénie sereine avant le verdict pour ses banques

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ène des Finances Uros Cufer (g), le gouverneur de la Banque de Slovénie Bostjan Jazbec (c) et le chef de la mission du FMI dans le pays Antonio Spilimbergo (d), le 28 octobre 2013 à Ljubljana (Photo : Jure Makovec)

[11/12/2013 07:16:29] Ljubljana (AFP) La Slovénie en crise attend avec confiance le verdict des experts étrangers sur son secteur bancaire, qui déterminera si le petit pays de la zone euro aura ou non besoin d’un plan de secours européen.

Le gouvernement et la Banque centrale nationale doivent publier jeudi ou vendredi les résultats de tests de résistance des banques slovènes, supervisés par l’Union européenne (UE).

Leur objet: déterminer le montant nécessaire à leur recapitalisation et fixer le volume des mauvaises créances destinées à être transférées dans une structure de défaisance (“Bad Bank”).

“Ces huit derniers mois, nous avons résolu les principaux problèmes, éteint l’incendie”, a récemment déclaré le Premier ministre de centre gauche Alenka Bratusek, assurant que le petit pays issu de l’ex-Yougoslavie n’aurait pas, contrairement à Chypre au printemps, besoin d’une aide financière internationale.

Le gouvernement a prévu un volume de recapitalisation de 4,7 milliards d’euros et estime qu’il suffira.

“Les résultats des tests n’auront pas en soi de répercussions sur l’économie, ils sont juste une évaluation comptable montrant à quel point la situation est mauvaise dans les banques”, souligne néanmoins Davorin Kracun, professeur à la faculté d’économie et des affaires de Maribor (nord).

“Le principal défi pour le gouvernement consiste à éliminer les obstacles au redressement de l’économie”, indique-t-il à l’AFP, en référence à la lourde dette des entreprises et aux maigres investissements en provenance de l’étranger ces deux dernières décennies.

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ène Alenka Bratusek (d) et son ministre des Finances Uros Cufer (g), le 15 novembre 2013 à Ljubljana (Photo : Jure Makovec)

Mme Bratusek en est consciente. Son récent tour d’Europe, via l’Allemagne, la France, l’Italie et la Russie, ressemblait d’ailleurs à un “road show” visant à faire la promotion des quinze sociétés slovènes promises à la privatisation, notamment l’aéroport du pays et l’opérateur de télécommunications.

En récession depuis 2011, le pays ne devrait pas renouer avec la croissance avant 2015, date à laquelle le gouvernement s’est également engagé à réduire son déficit public sous les 3% du Produit intérieur brut (PIB).

Danger des querelles politiques internes

La Slovénie avait créé en 2012 une “bad bank” pour soulager les banques de leurs actifs toxiques, évalués à quelque 7,9 milliards d’euros. La Commission européenne, craignant que le montant soit plus élevé, a néanmoins exigé un délai avant la mise en place de cette structure et demandé des tests afin de déterminer précisément leur niveau.

L’audit concernait à l’origine les 10 principaux établissements, mais la banque centrale a entretemps annoncé que deux d’entre eux seraient liquidés.

Pour Anthony Baert, économiste à la banque ING, “le résultat des tests de résistance devrait être moins négatif que prévu initialement” grâce à la mise en place d’un solide filet de sécurité financier et une volonté politique d’éviter au pays de devenir le sixième pays de la zone euro à être secouru par ses pairs.

Mais l’instabilité politique est une plaie dans le petit État balkanique de 2 millions d’habitants et Cvetka Selsek, présidente de la filiale slovène de la Société Générale SKB, craint que les chefs de partis ne retombent dans leurs travers.

“La seule chose qui m’inquiète c’est que les partis politiques recommencent à se quereller en prenant (cette crise) comme une opportunité de se mettre en avant au lieu de résoudre les problèmes”, a-t-elle déclaré lors d’un débat sur le système bancaire il y a une semaine.

Ce sont déjà des différends sur la façon de combattre la crise qui avaient conduit fin 2011 au renversement du gouvernement de gauche de Borut Pahor. Son successeur conservateur Janez Jansa, soupçonné de corruption, avait dû lui aussi démissionner après un vote de défiance au Parlement en février 2013.

Mme Bratusek, issue du principal parti de centre gauche Slovénie positive, mais novice en politique, a pris les commandes en mars d’une fragile coalition de quatre partis. Depuis, elle a dû systématiquement se battre bec et ongle avec l’opposition et les syndicats pour faire passer la moindre réforme visant à remettre le pays sur les rails.