écembre 2013 à Bastia (Photo : Pascal Pochard-Casabianca) |
[11/12/2013 14:04:18] Paris (AFP) Un rapport d’enquête parlementaire publié mercredi étrille l’action de l’État lors de la privatisation de la SNCM en 2005-2006, ainsi que la gestion de l’entreprise par l’actionnaire Veolia.
Outre la dégradation avant 2005 de la situation financière de la SNCM lorsqu’elle était à 100% publique, le rapport de 97 pages relève le “dénigrement” de l’État à l’égard de la compagnie qu’il espère pourtant céder.
“L’Etat avait au départ prévu une privatisation totale. Il a finalement conservé une part de 25% tout en se désintéressant totalement du sujet. Il a été un +sleeping partner+, voir un +loosing partner+”, a souligné mercredi à l’AFP, en marge d’une conférence de presse, le député corse PRG Paul Giacobbi, rapporteur de cette enquête, pointant du doigt une “erreur de comportement”.
Selon lui, “le ver était dans le fruit”.
Le rapport considère notamment “peu judicieux et économiquement peu crédible” le projet initial de vente au fonds Butler Capital Partners (BCP), qui s’était traduit par une grève dure de plus de six semaines avec notamment un détournement d’un des navires de la compagnie et des répercussions à Marseille.
“En une décennie, l?État aura dépensé plus de trois cents millions d’euros pour renflouer en capital ou en aides diverses la SNCM”, note la conclusion du rapport, qui souligne encore que “le seul bénéficiaire financier de cette affaire est la société Butler Capital Partners qui en a retiré une plus-value de soixante millions d’euros”.
“Nous n’avons pas relevé d’élément pénalement répréhensible qui nous obligerait à saisir la justice. Mais la grande tendance du rapport, c’est la nullité de l’État actionnaire”, a déclaré à l’AFP Arnaud Leroy, député PS et président de la commission d’enquête.
Quant à l’actionnaire Veolia, le rapport met en lumière sa mauvaise gestion de la compagnie. Elle a, selon M. Giacobbi, “mal géré, pas tenu les engagements pris. Elle a été confrontée au contexte très difficile, à un métier qu’elle ne connaissait pas réellement, et a fait des erreurs d’appréciation”.
“L’inaction déroutante de Veolia dans la gestion d’une société pourtant en difficulté a été constatée par tous”, note le rapport.
Selon Paul Giacobbi, “au départ, il y a les mauvaises conditions de privatisation. Puis une mauvaise gestion” de l’entreprise.
“Nous n’avons constaté aucune faute de nature pénale. Ce n’est pas forcément ce qu’on aurait pensé au départ”, a-t-il ajouté, soulignant la “complexité de l’affaire”.