La Bourse de Paris redoute l’imminence d’un changement de cap de la Fed

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ût 2011 à Paris (Photo : Eric Piermont)

[14/12/2013 14:42:47] Paris (AFP) La Bourse de Paris n’a d’yeux que pour la réunion de la banque centrale américaine la semaine prochaine, craignant une réduction de son soutien à l’économie, lequel est le principal moteur des marchés depuis un an.

Sur la semaine écoulée, l’indice CAC 40 a perdu 1,69% pour terminer vendredi à 4.059,71 points. Ses gains depuis le 1er janvier sont ramenés à 11,50%.

Le marché parisien est resté sur ses gardes ces derniers jours, refusant de prendre le moindre risque dans la perspective de la réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed).

“Les marchés européens étaient un peu en suspension depuis plusieurs semaines et ont fini par baisser par manque de catalyseur”, observe Guillaume Garabédian, conseiller de gestion chez Meeschaert Gestion Privée.

Le CAC 40 évoluait encore au-dessus de 4.300 points fin novembre, au plus haut depuis septembre 2008, ce qui a entraîné ces derniers jours quelques prises de bénéfices.

“Les craintes portant sur la mise en place prochaine d’une réduction des rachats d’actifs de la Fed alimentent la baisse du marché”, explique M. Garabédian.

Les investisseurs vont avoir les yeux braqués sur la réunion de la Fed les mardi 17 et mercredi 18 décembre, pour ce qui promet d’être le dernier grand rendez-vous de l’année 2013, avec de possibles répercussions en 2014.

“C’est le dernier événement qui pourrait faire bouger le marché d’ici la fin de l’année”, souligne M. Garabédian.

En outre, “le marché arrive dans une période creuse de 15 jours où il y aura peu d’investisseurs et pas grand chose de très important à suivre hormis la Fed”, rappelle-t-il.

Les investisseurs cherchent à savoir si la banque centrale américaine ne va pas profiter de sa prochaine réunion pour réduire ses rachats d’actifs, actuellement de 85 milliards de dollars par mois.

Cette politique monétaire ultra-accommodante soutient largement l’ensemble des marchés depuis qu’elle a été lancé fin 2012.

La Fed pourrait être tentée d’agir après une série d’indicateurs économiques qui ont rassuré sur l’état de santé de la première économie mondiale, en particulier sur le front de l’emploi.

Les analystes sont toutefois d’accord pour dire qu’une action dès cette réunion est peu probable. Ils estiment que la Fed pourrait attendre janvier ou même mars avec l’arrivée de la nouvelle présidente Janet Yellen.

“Les anticipations d’une action (…) dès le mois de décembre se renforcent sur les marchés mais nous restons sceptiques sur ce point et considérons qu’elle (la Fed, ndlr) attendra le mois de mars”, selon François Duhen, stratégiste chez Crédit Mutuel-CIC.

Selon lui, “à ce moment, l’économie américaine aura confirmé sa capacité à rester au-dessus d’un rythme de croissance de plus de 2% en glissement annuel”.

En outre, même si l’accord budgétaire obtenu cette semaine aux États-Unis “est positif”, il n’est pas suffisant “pour convaincre la Fed de réduire ses rachats d’actifs lors de sa réunion de décembre”, estiment les économistes chez BNP Paribas.

Si le calendrier et l’ampleur d’une action de la Fed sont encore incertains, les marchés semblent avoir déjà en partie intégré cette issue, comme en témoigne la relative stabilité des taux d’emprunt américains.

Les investisseurs surveilleront dans le même temps la semaine prochaine plusieurs indicateurs économiques américains sur l’activité industrielle et l’immobilier notamment.

Entièrement tournés vers les États-Unis, les marchés devraient moins regarder l’actualité en zone euro, même si les indices PMI d’activité pour décembre sont attendus lundi.

Malgré des indicateurs “contrastés” pour le mois d’octobre, le PMI devrait permettre “de finir l’année sur une note prometteuse”, estiment les économistes de la banque Unicredit.

Les investisseurs s’interrogent toujours sur la vigueur de la reprise en zone euro, mais le quatrième trimestre pourrait être encourageant. La Banque de France a d’ailleurs relevé sa prévision de croissance pour la France à 0,5%, pour le dernier trimestre 2013.

Les prochains jours seront enfin marqués par une série de réunions politiques en Europe, avec l’espoir d’obtenir un accord sur l’union bancaire.

Les ministres des Finances européens vont se retrouver mercredi à la veille d’un sommet de deux jours des dirigeants de l’UE.