Le logo de Facebook (Photo : Karen Bleier) |
[15/12/2013 10:38:23] Washington (AFP) Facebook travaille pour devenir votre meilleur ami et veut en savoir davantage sur son milliard d’abonnés en donnant un coup de fouet aux capacités de son intelligence artificielle.
L’entreprise californienne vient d’embaucher le professeur français Yann LeCun, un spécialiste de l’intelligence artificielle de l’Université de New York. Celui-ci va diriger une équipe chargée d’améliorer celle du réseau social pour rendre Facebook plus intelligent et plus pertinent.
En effet, les fils de nouvelles du géant californien peuvent ressembler à un joyeux bazar, mais Yann LeCun estime qu’il “peuvent être améliorés grâce à des systèmes intelligents”.
“Cela peut passer par un classement des publications dans un certain ordre, ou en décidant quelles publicités vont être affichées, pour être plus pertinent”, a expliqué à l’AFP M. LeCun après sa nomination le 9 décembre.
Facebook est le plus gros réseau social du monde mais il est confronté à divers défis pour poursuivre sa croissance et garder ses utilisateurs actifs. L’un d’eux est de trouver un équilibre dans la quantité de publicités qu’il diffuse: il doit en passer assez pour faire croître ses revenus, mais sans faire fuir ses abonnés.
Le réseau social a investi lourdement pour doper son efficacité. M. LeCun n’a pas souhaité donner trop de précisions mais selon lui Facebook est en train de s’équiper de la plus grosse équipe de recherche du monde dans le domaine de l’intelligence artificielle.
“Notre seule limite c’est: combien de gens intelligents dans le monde peut-on embaucher?”, a encore dit Yann LeCun, qui prendra ses nouvelles fonctions en janvier mais conserve son poste à New York. “C’est très ambitieux”.
Les membres de ce “laboratoire d’intelligence artificielle” travailleront à New York, à Londres et au quartier général de Facebook de Menlo Park, en Californie.
Yann LeCun, pionnier de l’intelligence artificielle
Avant Facebook, Google a aussi tenté ces derniers mois une incursion dans le domaine de l’intelligence artificielle en acquérant par exemple DNNresearch, une startup connue pour ses travaux en la matière.
“Facebook investit dans ce domaine pour +rester dans le jeu+”, estime Greg Sterling, analyste chez Opus Research. “Google, Apple et IBM ont tous essayé à des degrés divers d’investir dans l’intelligence artificielle, un terme qui reste très large et englobe de nombreuses notions. C’est une technologie d’avenir et Facebook veut avoir accès à sa propre technologie”.
Yann LeCun, né à Paris en 1960, est considéré comme l’un des pionniers de la discipline. Il a notamment créé un algorithme qui reproduit en partie le cortex visuel d’animaux et d’êtres humains. Celui-ci a par exemple permis à la société AT&T Bell Labs de développer un système de lecture de chèques, qui dès la fin des années 1990 lisait environ 20% des chèques émis aux Etats-Unis, selon l’Université de New York.
Les récents projets de recherche de M. LeCun l’ont notamment vu plancher sur une application pour des robots de navigation autonomes, des voitures sans conducteur et des petits robots volants.
James Hendler, un spécialiste du Rensselaer Institute, a noté que Facebook utilisait déjà des algorithmes d’intelligence artificielle, mais que l’appliquer aux photos, vidéos et données multimédias requérait une montée en puissance de ces logiciels.
“Je pense que dans un premier temps ils vont déjà essayer d’améliorer leurs algorithmes existants, avec par exemple une meilleure sélection de ce qui apparaît dans les fils d’actualité des utilisateurs. Et à l’avenir on pourrait voir plus de possibilités apparaître, comme la possibilité de chercher des photos de sujets qui nous intéressent”, prédit-il.
Facebook a d’ailleurs signalé ces dernières semaines qu’il allait changer sa manière d’alimenter le fil des nouvelles des utilisateurs. Ces nouveaux investissements dans l’intelligence artificielle vont dans ce sens.