écembre 2013 à Rennes (Photo : Damien Meyer) |
[16/12/2013 05:45:39] Paris (AFP) Les quelque trois millions de salariés payés au Smic sauront lundi si leurs revenus vont progresser en 2014 de 1,1%, au titre de la hausse légale, ou si le gouvernement donnera un coup de pouce supplémentaire, geste réclamé par des syndicats, mais qui semble peu probable.
A l’issue d’une réunion lundi après-midi de la Commission nationale de la négociation collective (CNNC), qui réunit syndicats et patronat autour du gouvernement, le ministre du Travail Michel Sapin doit annoncer l’ampleur de la progression du salaire minimum au 1er janvier 2014.
La hausse automatique, selon les nouvelles règles, sera de 1,1%, a déjà annoncé vendredi le ministre. Le Smic horaire brut passerait ainsi de 9,43 à 9,53 euros. Le Smic brut mensuel est actuellement de 1.430,22 euros pour les salariés aux 35 heures.
M. Sapin a préparé les esprits à l?absence du coup de pouce en précisant que la hausse automatique de 1,1% constituait en soi un “gain de pouvoir d’achat” puisqu’elle est près de deux fois supérieure à l’inflation (0,6%).
La crise oblige, le nombre des salariés touchant le Smic a progressé à 3,1 millions de personnes -13% des salariés- en janvier 2013, soit un demi-million de plus qu’en 2012, selon des chiffres officiels.
hausse de 1,1% “nettement insuffisante”
Lundi, autour de la table, des syndicats vont réclamer un coup de pouce, tandis que le patronat va freiner des quatre fers, arguant du coût du travail. Les smicards travaillent majoritairement dans le privé (1,9 million) notamment dans l’hôtellerie, la restauration et le tourisme.
Pour la CGT, le salaire minimum devrait aller “dans un terme rapide à 1.700 euros bruts par mois”. La CFTC estime qu’il “doit tendre vers le salaire de dignité”.
Le numéro un de FO Jean-Claude Mailly a réclamé dimanche un coup de pouce d'”au moins un point”. Pour lui la hausse légale de 1,1% “est très nettement insuffisante” alors que “près de 30% des salariés à temps partiel sont au Smic et notamment des familles monoparentales”.
“On n’a quasiment pas eu de coup de pouce depuis que le gouvernement est en place”, a lancé le leader de FO.
François Hollande, qui avait annoncé avant son élection qu’il voulait “rattraper ce qui n’a pas été accordé” aux smicards durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, avait décidé d’un coup de pouce de 0,6% en juillet 2012.
Le 1er janvier dernier, le gouvernement avait choisi de se limiter à la hausse légale (+0,3%) pour 2013.
Pour M. Mailly, “l’une des raisons pour lesquelles l’économie française patine, c’est que la consommation n’est pas assez élevée” et la relancer “passe aussi par l’augmentation du Smic”.
Mais le groupe d’experts sur le Smic, chargé depuis 2008 d'”éclairer” le gouvernement avant chaque revalorisation, a plaidé pour une hausse dans la limite légale.
Ces économistes ont montré du doigt le risque qu’une hausse du salaire minimum ne “se traduise in fine par une baisse de l’emploi et de la compétitivité des entreprises”. Selon eux, “la conjoncture actuelle ne plaide certainement pas en faveur d’une quelconque prise de risque en matière d’emploi”, priorité numéro un du gouvernement.
Ces experts ont également fait valoir que le Smic en France était “aujourd’hui très nettement au-dessus des niveaux constatés dans les autres pays de l’OCDE”.
L?Allemagne doit instituer prochainement un salaire minimum que les sociaux-démocrates – décidés à entrer au gouvernement avec les conservateurs- souhaitent à 8,50 euros l’heure, soit un euro inférieur à celui français.
Le Smic en France est revalorisé automatiquement chaque 1er janvier en fonction de l’évolution des prix (intégrant le loyer et l’énergie) et de l’évolution du salaire réel de base des ouvriers et employés, selon les nouvelles règles instituées en février dernier. La croissance, aujourd’hui atone, est un “élément d’appréciation” pour décider d’un coup de pouce.