Japon : la confiance des grandes entreprises au plus haut depuis six ans

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écembre 2013 à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno)

[16/12/2013 06:37:37] Tokyo (AFP) La confiance des grandes entreprises japonaises a atteint en décembre son plus haut niveau depuis six ans grâce à la politique de relance du gouvernement conservateur, a annoncé lundi la Banque du Japon (BoJ), bien que cette reprise semble fragile.

Le moral des firmes manufacturières de taille importante a grimpé de quatre points pour s’établir à +16, un niveau plus vu depuis la fin 2007, soit juste avant la crise financière internationale. Celui des grandes firmes non-manufacturières (ensemble qui comprend entre autres la construction mais aussi le commerce et les télécommunications) a gagné six points, à +20, d’après l’enquête “Tankan” de la BoJ.

Cet indice trimestriel, qui mesure la différence entre le pourcentage de sociétés qui jugent la situation de façon favorable et celles qui la considèrent défavorable, traduit l’amélioration de l’humeur du monde des affaires depuis le retour au pouvoir du Premier ministre conservateur Shinzo Abe il y a quasiment un an.

“Ces données prouvent que l’amélioration continue pour le moral des entreprises, leurs revenus et leurs plans d’investissement”, s’est félicité le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, y voyant “un grand résultat” des “Abenomics”, la politique économique du Premier ministre.

M. Abe a fait voter au Parlement l’équivalent de 70 milliards d’euros de nouvelles dépenses publiques pour soutenir notamment le secteur de la construction, avant de promettre récemment 40 autres milliards. Il a aussi poussé la BoJ à assouplir considérablement sa politique monétaire, ce que l’institut fait depuis le mois d’avril en élevant son stock d’obligations d’Etat de 50.000 milliards de yens en rythme annuel (350 milliards d’euros).

Cet afflux de liquidités a provoqué entre autres une chute du yen, qui a diminué d’environ un quart face au dollar et à l’euro en un an. Cette dépréciation favorise les grands groupes japonais tournés vers l’étranger, car elle élève la valeur de leurs revenus tirés hors de l’archipel, lorsqu’ils les convertissent en yens. Et elle dope in fine le moral des entrepreneurs.

Point notable, la confiance des PME s’améliore également, bien qu’elles soient souvent davantage tournées vers le marché intérieur et plus prudentes par principe que leurs homologues de plus grande taille. Mais leurs carnets de commandes ont tendance à profiter de l’amélioration des comptes des grands groupes dont elles sont parfois sous-traitantes.

Autre conséquence de la chute du yen, les tarifs des denrées importées augmentent (notamment ceux du pétrole et du gaz), ce qui nourrit une hausse des prix saluée par les autorités, dont l’objectif est de faire sortir la troisième puissance économique mondiale d’une déflation handicapante.

“L’économie japonaise semble sortir de la déflation, mais comme c’est lié à l’inflation des denrées importées, il est encore trop tôt pour dire si elle sort de cette spirale pour de bon”, a prévenu Taro Saito, économiste à l’Institut de recherche NLI. “La question est de savoir si l’économie japonaise peut enclencher un cercle vertueux”, c’est à dire de générer d’elle-même une hausse modérée des prix sans s’appuyer sur la dépréciation monétaire, a-t-il expliqué à l’AFP.

Les firmes nippones restent en tous cas prudentes quant à leurs perspectives à court terme. D’après l’indice Tankan, qui contient aussi des éléments prospectifs, la confiance des entreprises, quels que soit leur secteur et leur taille, pourrait s’effriter lors de la prochaine enquête, en mars.

Les sociétés peuvent s’appuyer en ce moment sur une propension des Japonais à acheter davantage, avant une hausse de la taxe sur la consommation (l’équivalent de la TVA française), de 5% actuellement à 8% à partir du 1er avril. Cette tendance a certes nourri les affaires dernièrement, mais les entrepreneurs craignent que les acheteurs se fassent plus rares après la hausse, d’où leur prudence.

L’enquête Tankan publiée lundi a été réalisée par la BoJ du 14 novembre au 13 décembre, auprès de 10.509 entreprises de tous les secteurs et toutes les tailles.