A l’occasion du 3ème anniversaire du soulèvement de Sidi Bouzid, le 17 décembre 2010, nous avons demandé à Mustapha Mezghani, Senior Executive 2CW, son opinion sur les plans politique, économique et social. Voici sa réponse.
«Le déclenchement des évènements de Sidi Bouzid a été à l’origine d’une opportunité exceptionnelle pour la Tunisie, une opportunité qui pourrait faire de la Tunisie, ce pays qui a pu, après plus de cinquante ans d’indépendance, se démarquer des autres pays de la région Afrique et Moyen-Orient qui ont eu leur indépendance plus ou moins à la même période.
Privée de ressources naturelles, la Tunisie a tout misé sur les ressources humaines, dans un premier temps, et sur la diversification de l’économie, par la suite. Cette révolution a apporté la liberté d’expression, un ingrédient indispensable pour l’instauration d’une démocratie. Cependant, cette démocratie manque d’ingrédients clé tels que les institutions indépendantes qui vont l’assurer et la garantir, ainsi que l’indépendance des pouvoirs.
Quant au plan économique, il a été fortement influencé par la situation politique du pays qui s’est caractérisée par l’insécurité et le relâchement de sorte que les investisseurs, aussi bien étrangers que tunisiens, sont devenus plus réfractaires, d’un côté, et le commerce parallèle s’est fortement développé de l’autre.
Cette situation a également fortement influencé la situation sociale en Tunisie par l’accroissement du taux de pauvreté et du taux de chômage même si ce taux a tendance à baisser, comme l’indiquent les derniers chiffres de l’INS.
Je suis convaincu qu’il est encore possible de redresser la barre, mais chaque journée de perdue sera plus difficile à récupérer.
La Tunisie dispose de capacité et de compétence pour réaliser une forte croissance «équitable» qui permettra d’améliorer les conditions sociales d’une partie importante de la population à condition de mettre en œuvre une stratégie volontariste».