Dossier 17 décembre 2010 – 17 décembre 2013 – Le terrorisme a-t-il été vaincu en Tunisie?

terrorisme-wmc-caricature-2013.jpgUn des défis majeurs à la veille du 3ème anniversaire de la révolution du 17 décembre 2010 concerne sûrement l’état de la sécurité du pays et sa fragilité face à la menace terroriste. Dresser un état des lieux aujourd’hui du phénomène demeure difficile, mais il faut constater que la donne a beaucoup changé grâce à la mobilisation même tardive des forces de l’ordre et également grâce à la fermeté de la réponse de la société civile avec toutes ses composantes. Ceci n’enlève en rien la permanence et la dangerosité de la menace!

La Tunisie, sur ce dossier également, continue à démentir tous les scénarios et dessiner sa propre ligne de conduite qui se démarque des schémas habituels observés en Irak, en Libye, au Yémen et en Syrie dans une certaine mesure. En tout cas jusqu’à maintenant.

Le terrorisme d’Ansar Chariaa, bien qu’encouragé par les atermoiements sournois d’une partie d’Ennahdha, tout au long de l’année 2012, et par l’accueil favorable à sa démagogie d’actions sociales avec lesquelles il a tenté d’amadouer le large public tunisien, s’est vite retrouvé isolé et n’a pas pu inoculer son venin au sein de la société tunisienne. Jusqu’à maintenant! Dès la proclamation d’Ansar Chariaa comme organisation terroriste et avec la fermeté et la poigne sécuritaire, des pans entiers de l’organisation proche d’AQMI se sont retrouvés acculés à se terrer au Mont Chambi ou à tenter des actes désespérés et dispersés. Plusieurs têtes pensantes de l’organisation ont été arrêtées et d’autres ont préféré la fuite vers la Libye ou la Syrie.

Le ministère de la Défense, tout en se félicitant dernièrement de la croissance de la masse d’information concernant le terrorisme, se méfie quand même en signalant que la bataille n’est pas encore gagnée et que les «cellules dormantes», comme on les appelle, peuvent être activées à tout moment.

D’ailleurs, un branle-bas de combat secoue les milieux sécuritaires dans le pays en perspective des fêtes de fin d’année, et selon les menaces détectées à travers différentes sources locales et étrangères.

Tout en étant loin du scénario catastrophe évoquant une vague terroriste qui ébranlerait le pays, force est de constater que la ligne (ou les lignes) de défense tient pour le moment. Il y a plusieurs raisons à cette résistance remarquée malgré la permanence de la poudrière libyenne juste à côté.

En effet, comme nous l’avons dit, l’organisation terroriste d’Ansar était encore embryonnaire et les «combattants» recrutés étaient plutôt un ramassis de divers horizons dont des anciens prisonniers des milieux du banditisme sans une culture idoine. La plupart des têtes pensantes elles-mêmes souffraient également de ce manque de combativité et de savoir-faire. En plus, les réseaux financiers d’Ansar, très inféodés aux milieux de la contrebande et les mafieux, ont vite montré leurs limites; et les bailleurs étrangers, particulièrement à travers les associations, sont méfiants dès que l’étau sécuritaire a commencé à se resserrer.

Tout en se réjouissant de cette résistance de notre pays et de l’appareil sécuritaire tant honnis par les Tunisiens, il faut quand même continuer à se méfier et continuer la mobilisation à tous les niveaux et surtout forcer les partis à idéologie religieuse –au premier rang desquels Ennahdha- à bien clarifier leurs positions et à se positionner en toute clarté contre le terrorisme pour ne lui laisser aucune issue!

———————