un cargo dans le port de Tokyo, le 19 septembre 2013 (Photo : Toru Yamanaka) |
[18/12/2013 08:18:28] Tokyo (AFP) Le déficit commercial du Japon s’est aggravé de 35,1% en novembre sur un an, à plus de 9 milliards d’euros, à cause de la flambée de la facture énergétique due à la nette dépréciation du yen, a annoncé mercredi le ministère des Finances.
Ce déséquilibre a atteint 1.292,9 milliards de yens (9,2 milliards d’euros au taux de change actuel), le pire résultat jamais enregistré pour un mois de novembre depuis que ces statistiques ont été lancées sous cette forme en 1979.
Il s’agit du 17e mois consécutif de déficit commercial pour l’archipel. Lors des onze premiers mois de l’année 2013, le déficit cumulé a légèrement dépassé les 10.000 milliards de yens (72 milliards d’euros) pour le Japon, autrefois habitué aux excédents portés par ses puissants secteurs exportateurs (automobile, électronique, etc.).
L’accident nucléaire de Fukushima de mars 2011 a entraîné en effet l’arrêt par précaution des 50 réacteurs du pays, aussi l’archipel est-il contraint désormais d’importer nettement plus d’hydrocarbures pour produire son électricité. Ce phénomène s’est doublé, depuis l’an passé, d’une dépréciation du yen d’un bon quart vis-à-vis du dollar comme de l’euro, ce qui a renchérit mécaniquement le prix des produits importés, entre autres celui des sources d’énergie.
En novembre, la troisième puissance économique mondiale a ainsi dû payer un bon tiers plus cher ses importations de pétrole et de gaz naturel liquéfié.
Ses autres fournitures lui ont aussi couté davantage, que ce soit les ordinateurs, les semi-conducteurs ou les vêtements.
Au final, ses importations se sont renchéries de 21,1%, à 7.193 milliards de yens (51 milliards d’euros). Ses exportations ont aussi bénéficié de la baisse du yen et se sont élevées en valeur de 18,4%, à 5.900 milliards de yens (41,8 milliards d’euros), mais pas suffisamment pour compenser.
La valeur des ventes de produits nippons à l’étranger augmente en effet mécaniquement, en terme de yens, avec la dépréciation de la monnaie japonaise. Ce phénomène a entraîné notamment un bond d’un gros tiers des revenus tirés des exportations de voitures. Il a aussi gonflé les recettes enregistrées via les livraisons de générateurs électriques et de produits sidérurgiques.
Par région, le déficit du Japon s’est creusé notamment avec les pays du Golfe (Emirats arabes unis, Arabie saoudite), ses principaux fournisseurs de pétrole, mais aussi avec la Chine, son principal partenaire commercial. L’ampleur de son déficit s’est en revanche réduit avec l’Union européenne et son bénéfice commercial s’est agrandi avec les Etats-Unis, son deuxième client.
Dette colossale
“Le déficit commercial du Japon devrait rester important pendant un moment en raison d’une forte demande intérieure”, a souligné Yoshiro Sato, économiste au Crédit Agricole. Il a ajouté que le phénomène devrait être nourri dans la période à venir “par l’impact des dépenses publiques et un pic d’achat avant la hausse de la taxe sur la consommation”.
L’activité au Japon est en effet soutenue par des dépenses supplémentaires des autorités équivalentes à 70 milliards d’euros votées en début d’année par le Parlement, sous l’impulsion du nouveau Premier ministre conservateur, Shinzo Abe, afin de doper notamment le secteur de la construction. Un nouveau plan de dépenses de 40 milliards d’euros supplémentaires a été mis sur les rails depuis.
Afin de limiter le gonflement de la dette publique japonaise, déjà colossale, M. Abe a donné son feu vert par ailleurs à une augmentation de la taxe sur la consommation (équivalent à la TVA française), qui passera de 5% à 8% en avril prochain. Les économistes s’attendent à ce que les clients se précipitent dans les magasins avant cette échéance pour acheter avant la hausse, ce qui devrait entraîner un rebond de la consommation d’ici là et favoriser en conséquence une progression des importations pour répondre à cette demande.