“Nous avons évité de nous exprimer publiquement à ce jour pour qu’on ne nous accuse pas d’intervenir dans les affaires internes de la Tunisie. Nous avons eu nombre de rencontres avec des partis politiques. Notre objectif n’était pas de nous mêler des affaires internes du pays mais de soutenir le processus de transition démocratique et de pousser vers l’achèvement au plus tôt de la rédaction de la Constitution».
C’est ainsi que Jacob Wales, ambassadeur des Etats-Unis, s’est exprimé mercredi 18 décembre 2013 lors d’une conférence de presse organisée au siège de l’ambassade. Il a reconnu que le processus tunisien de transition démocratique s’est avéré plus difficile que l’on s’y attendait : «Toutefois, la désignation d’un nouveau Premier ministre annonce d’ores et déjà l’amorce d’une sortie de crise que nous attendions impatiemment. Ceci étant, je tiens à préciser que les Etats-Unis n’ont à aucun moment intervenu dans le choix du candidat».
L’ambassadeur américain a laissé comprendre que la reprise du soutien économique de son pays à la Tunisie sera tributaire du respect des valeurs universelles des droits de l’Homme en insistant bien sur le terme «universel» qui doivent être intégrés dans la nouvelle Constitution : «le respect de la liberté de croyances, des minorités et des droits des femmes, de la liberté d’expression et des principes démocratiques représentent pour nous la pierre angulaire d’un pays qui a l’ambition d’être démocrate».
Jacob Wales a également insisté sur l’importance pour le nouveau Premier ministre de constituer un gouvernement de compétences neutres et indépendantes. Soit un message très clair tant au gouvernement en place aujourd’hui qu’à l’opposition qui ont déjà commencé à coucher sur papier les listes des candidats qui leur sont proches… Eh oui, on ne se refait pas!
Les enjeux sécuritaires ainsi que la démocratie «excessive» qui a donné lieu à des partis extrémistes tel Hizb Attahrir et à des mouvements terroristes tels Ansar Al Chariaa ont été également évoqués lors de la conférence de presse, des questions auxquelles l’ambassadeur s’est empressé de répondre : «Nous reconnaissons que ces pratiques ont, entre autres, mené à l’attaque de l’ambassade américaine en septembre 2012, mais nous ne nous autoriserions pas à intervenir dans les affaires internes de la Tunisie qui peut évaluer les risques encourus dans le cas d’une trop grande permissivité avec des mouvements extrémistes».
Il a précisé que les Etats-Unis se sont engagés, depuis des années, dans une solide coopération dans la lutte contre les groupes armés et le terrorisme avec l’armée tunisienne.
Sur le plan économique, 350 millions de dollars ont été déboursés par les USA qui pensaient soutenir l’édification d’une démocratie en Tunisie. «Nous pourrons revoir notre politique de soutien économique au pays dans le sens du renforcement de nos aides en direction de la Tunisie. Elles resteront toutefois tributaires du respect des principes des droits de l’Homme».
A la question, “êtes-vous toujours convaincus de l’islam politique modéré?“, Jacob Wales a répondu à côté en assurant toutefois, «il ne s’agit pas d’un islam politique modéré, il s’agit de la capacité des gouvernants à respecter les valeurs universelles des droits de l’Homme, pour le reste, tout dépendra de la capacité de la Tunisie à solutionner ses problèmes sécuritaires. L’économie suivra, y compris des coups de pouce avec le FMI et la Banque mondiale: «Même si, d’après le dernier rapport du FMI, le gouvernement tunisien n’a pas respecté les recommandations du Fonds en matière de réformes».
Pour résumer, le message des Américains est clair : Nous soutiendrons un processus démocratique respectueux des valeurs universelles, et un gouvernement de compétences neutres». Est-ce un signal de la remise en question profonde de l’islam politique tant défendu par les lobbys islamistes qui se sont démenés pendant des décennies dans les couloirs du Congress et des sphères d’influence américaines?»
A bon entendeur…!