En homme expérimenté et, partant, avisé –il a dirigé une société de transport international et logistique et a enseigné à l’Université de Toronto-, Hédi Ben Abbes a déjà tiré les leçons de sa –brève- expérience gouvernementale au ministère des Affaires étrangères (en qualité de secrétaire d’Etat chargé des Affaires de l’Amérique et de l’Asie) puis à la présidence de la République (comme conseiller principal du président Moncef Marzouki chargé des Affaires diplomatiques).
Ce diplômé en littérature anglaise, anglais, droit et sciences politiques (Universités de Nice et Dijon), a été sidéré de découvrir, lors de son passage aux Affaires étrangères, qu’un département ministériel «aussi sensible et important ne soit pas doté d’une structure à même de produire intellectuellement et de proposer analyses, visions et stratégies pertinentes, à un moment où notre région bouillonne et connaît des évènements très importants».
Joignant l’acte au constat, l’ex-secrétaire d’Etat a essayé de combler cette lacune en mettant sur pied au sein de ce ministère un groupe de recherches «composé de jeunes et anciens diplomates». Malheureusement, Hédi Ben Abbes n’a pas pu concrétiser ce projet pour des raisons qu’il se refuse à révéler.
Aussi, une fois sorti de la sphère du pouvoir, l’ancien secrétaire d’Etat –qui a décidé de se mettre en congé de politique, du moins pour un certain temps- s’est mis en tête de créer un think tank. Une idée qu’il est en train de creuser avec des amis à lui –dont l’ancien ministre des Finances, Jalloul Ayed- qui ont trouvé le projet «pertinent et intéressant à développer».
Après avoir envisagé de couvrir d’autres champs –les questions politiques et stratégiques, la sécurité, etc.-, Hédi Ben Abbes est arrivé à la conclusion que le futur think tank devrait concentrer ses travaux en particulier sur les deux questions qu’il estime parmi les plus importantes et déterminantes pour l’avenir de la Tunisie: l’insertion économique de la femme –rurale en particulier- et l’éducation.
L’ancien secrétaire d’Etat juge cet investissement intellectuel d’autant plus nécessaire que «le pays va au devant de défis énormes». Auxquels la Tunisie n’est pas dans les meilleures conditions pour les affronter.
En effet, M. Ben Abbes se désole que «la classe politique ne pense qu’aux prochaines élections», alors que le pays a besoin de réformes –dans tous les domaines: fonction publique, enseignement, etc.- qui ne peuvent plus être retardées. Ni être bâclées. «La Tunisie ne supportera plus qu’on lui mette du plâtre ou une jambe en bois. Les hommes politiques doivent être clairs et dire la vérité Tunisiens», défend notre interlocuteur. Surtout, ils doivent mettre la main dans la main. Car pour mener dans les meilleures conditions le vaste chantier des réformes, «il nous faut un gouvernement d’union nationale pour les dix prochaines années. A 51%, le pays sera ingouvernable et on n’en fera que repousser les problèmes et, ce faisant, les rendre plus graves», met en garde notre interlocuteur.