éroport de Francfort, premier en Allemagne et troisième en Europe, le 12 mars 2013 (archives) (Photo : Nicolas Armer) |
[20/12/2013 07:16:35] Francfort (AFP) L’aéroport de Francfort, engagé dans une rude concurrence avec ses rivaux d’Europe et du Moyen-Orient, voit ses ambitions menacées par un durcissement des règles anti-bruit que projette d’adopter la nouvelle coalition au pouvoir dans l’Etat régional de Hesse.
“Une règlementation encore plus sévère serait très problématique, alors que nous avons déjà les règles de vol de nuit et les restrictions d’activité les plus dures de tous les +hubs+ internationaux”, a mis en garde lors d’une conférence de presse Stefan Schulte, patron de Fraport, l’opérateur de l’aéroport francfortois.
Premier aéroport d’Allemagne et troisième d’Europe, Francfort, qui a accueilli l’an dernier environ 60 millions de passagers, est d’ores et déjà soumis à une interruption des vols nocturnes pendant six heures, entre 23 heures et 5 heures du matin, suite à une décision de justice en 2012 qui a donné raison à plusieurs associations de riverains se plaignant des nuisances sonores.
Un accord de coalition signé la semaine dernière entre les conservateurs de la CDU et les écologistes en vue de gouverner ensemble en Hesse, où se situe Francfort, prévoit toutefois de durcir ces règles.
éroport de Francfort, premier en Allemagne et troisième en Europe, soumis à une interruption des vols nocturnes pendant six heures, entre 23 heures et 5 heures du matin, pour raison environnementale (Photo : Boris Roessler) |
Cet accord, qui doit être définitivement adopté par les militants au cours du week-end, prévoit notamment de porter à sept heures l’interruption des vols de nuit et de fixer une limite maximale de bruit sur l’aéroport.
En outre, la nouvelle coalition entend réétudier le bien-fondé de la construction d’un troisième terminal, un projet envisagé de longue date, sur lequel Fraport mise pour à terme porter à quelque 68 millions de passagers sa fréquentation.
“Nous nous faisons des soucis pour l’avenir de l’aéroport et de ses 80.000 emplois”, a souligné M. Schulte.
Des craintes faisant écho à celles du groupe aérien Lufthansa, dont l’activité fret a été durement touchée par les restrictions de vols nocturnes. “Je ne peux qu’espérer que la vie ne devienne pas plus compliquée” une fois adopté l’accord de coalition entre conservateurs et écologistes, déclarait fin novembre son patron, Christophe Franz, dans une interview au quotidien économique allemand Handelsblatt.
Défis croissants dans la branche aérienne en Europe
Fraport, qui assure avoir progressé en 2013 pour réduire les nuisances sonores aux abords de l’aéroport situé à seulement une dizaine de kilomètres du centre-ville de Francfort, amenant les avions à survoler en permanence certains quartiers, promet de poursuivre ses efforts l’an prochain.
“Nous sommes fondamentalement ouverts à la discussion”, a dit M. Schulte. “Toutefois, en tant que groupe coté, nous ne sommes pas libre d’agir à notre guise et nous devons prendre en compte les intérêts des actionnaires, même minoritaires”, a-t-il argumenté.
“La compétition avec les autres plateformes aéroportuaires, de plus en plus nombreuses au Proche et Moyen-Orient, est connue de longue date et pose à nous, comme à l’ensemble de la branche aérienne en Allemagne et en Europe, des défis croissants”, a-t-il déploré.
Selon lui, “rien qu’à Dubaï, le trafic va atteindre 100 millions de voyageurs d’ici 2020 selon les prévisions et le volume du fret représentera 4,1 millions de tonnes. La compagnie locale Emirates disposera prochainement de 140 avions long-courriers modernes de type A380”.
Face à cette situation, l’aéroport de Francfort, capitale financière allemande, “doit pouvoir continuer à croître pour rester compétitif à l’échelon international et ainsi garantir les liaisons importantes pour les exportations” du pays, a fait valoir M. Schulte.
“C’est la porte sur le monde pour l’Etat de Hesse et pour l’Allemagne, dont nous avons urgemment besoin dans un monde globalisé”, a-t-il encore plaidé.