ée à la tête de General Motors, le 16 décembre 2013 à Washington (Photo : Paul Morigi) |
[21/12/2013 07:16:26] New York (AFP) Malgré les nominations cette année de femmes à la tête de General Motors ou de la Fed, des postes jusque-là toujours occupés par des hommes, elles sont encore rares à diriger de grandes entreprises ou organisations dans le monde.
L’année 2013 aura vu Marillyn Hewson prendre la direction générale du groupe de défense Lockheed Martin, Mary Barra nommée à celle de General Motors et Janet Yellen à la présidence de la Réserve fédérale américaine, l’Olympe de la finance mondiale.
En Europe, Inga Beale vient d’être nommée à la tête des assureurs britanniques Lloyd’s, Daniele Nouy à la présidence de la supervision bancaire européenne.
“Nous avons enfin des modèles pour inciter les jeunes femmes à s’imaginer capables d’occuper ces fonctions”, commente Tami Polmanteer, directrice des ressources humaines du groupe de marketing Daymon.
“Chaque fois qu’une femme accède à des postes comme ceux-là , c’est une victoire car il y en a très peu, mais des nominations également très remarquées il y a dix ou quinze ans n’ont pas été suivies” de vrais progrès, tempère Marianne Cooper, sociologue de l’Université de Stanford qui a contribué au best-seller “En avant toutes” de Sheryl Sandberg, la directrice d’exploitation de Facebook, enjoignant les femmes à prendre plus de responsabilités.
Les femmes sortent plus diplômées que les hommes des universités américaines. Elles représentent la moitié des cadres au milieu de la hiérarchie des grandes entreprises mais seulement 15% des hauts dirigeants.
D’après le cabinet Catalyst, elles ne sont plus que 4,5% parmi les patrons des entreprises du classement Fortune 1000, avec notamment Meg Whitman chez HP, Virginia Rometty chez IBM, Indra Nooyi chez Pepsico ou Ellen Kullman chez DuPont.
Il faudrait “bien plus qu’une ou deux nominations symboliques pour faire augmenter ce pourcentage”, constate Katherine Phillips, professeur à l’Université de Columbia.
Elle souligne toutefois qu’en 1995, la liste Fortune 1000 ne comptait aucune femme directrice générale et seulement 2% en 2005.
A l’échelle mondiale, les femmes n’occupent que 11% des sièges de conseils d’administration (CA), d’après le cabinet GMIRatings.
La Norvège, la Suède, la Finlande, qui ont mis en place des quotas de parité, affichent des CA féminins à environ 30%.
“L’Italie et la France font des progrès importants depuis le passage de certaines lois”, renchérit GMIRatings, mais “hors d’Europe, les progrès sont extrêmement lents”, notamment aux Etats-Unis et au Canada.
Le carton rouge des pays développés revient au Japon (1% de femmes dans les CA).
Certains secteurs sont particulièrement en retard dans la promotion des femmes, comme la finance ou les sciences, domaines où l’engagement des femmes tend même à reculer.
La France, très loin derrière pour la parité salariale
à la tête de la Réserve fédérale américaine, le 9 octobre 2013 à Washington (Photo : Jewel Samad) |
Pourquoi ce plafond de verre résistant? Les experts avancent les difficultés à trouver des appuis dans la hiérarchie, des infrastructures de gardes d’enfants insuffisantes, une tendance à ne pas croire suffisamment en ses capacités, et un biais culturel tenace.
“Les femmes sont jugées plus durement”, affirme Marianne Cooper, faisant référence à une étude du cabinet McKinsey sur le sujet.
Elles ont aussi “plus de probabilités d’être nommées à des postes de direction à des moments de crise, augmentant le risque d’échec”, ajoute-t-elle.
Marillyn Hewson a ainsi été promue chez Lockheed Martin face à des coupes du budget du Pentagone et après une relation “inappropriée” avec une subordonnée de celui qui aurait dû devenir patron du groupe.
En termes de salaires, “les femmes tendent à gagner moins”, note Marianne Cooper, précisant qu’aux Etats-Unis, l’écart est d’environ 6%.
Katherine Phillips parle même d’une “pénalité des mères” documentée par une chercheuse de Stanford: les femmes gagnent moins dès qu’elles ont des enfants car elles sont jugées moins “investies”. C’est le contraire pour les hommes.
Saadia Zahidi, directrice des questions de parité pour le Forum économique mondial, souligne qu’une enquête menée par son organisation auprès de cadres dirigeants dans 130 pays place la Malaisie ou Singapour en tête de l’égalité des salaires, les Etats-Unis dans le milieu de peloton, et la France avant-dernière devant la Mauritanie. Selon l’Insee, les femmes gagnent 27% de moins que les hommes dans le secteur privé.