4G : la guerre des prix risque-t-elle de mettre en danger le secteur?

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à Paris (Photo : Lionel Bonaventure)

[21/12/2013 07:47:18] Paris (AFP) La guerre des prix sur la téléphonie mobile 4G qui a animé le marché des télécoms depuis dix jours pourrait maintenant s’étendre aux offres fixes des opérateurs, jusqu’ici relativement épargnées, faisant craindre une mise en danger de l’investissement et de l’emploi dans le secteur.

Le patron d’Iliad, Xavier Niel, qui a déclenché dès le début 2012 une première guerre des prix du mobile en proposant à son arrivée sur le marché des tarifs particulièrement bas pour la téléphonie mobile 2G et 3G, a relancé les hostilités début décembre en proposant la 4G au prix de la 3G, obligeant ses concurrents à lui emboîter le pas.

Cela a notamment été un rude coup pour Bouygues Telecom qui a fortement investi pour bénéficier au mieux de l’autorisation qui lui a été donnée de pouvoir utiliser pour la 4G la fréquence 1.800 MHz pour laquelle il possédait déjà une infrastructure. Cela lui a permis d’ouvrir commercialement son réseau avec un avantage concurrentiel en termes de couverture de la population.

La riposte du PDG du groupe Bouygues, Martin Bouygues, a donc été sanglante. Il a indiqué jeudi au quotidien le Figaro qu’il allait “déclarer la guerre dans l’internet fixe” en cassant les prix pour réduire les marges de son concurrent Xavier Niel.

“Dans l’Internet fixe, la fête est finie. Nous allons faire faire 150 euros d’économie par an aux abonnés du fixe qui choisiront ce service, ce qui fait une économie de 12,5 euros par mois. Qui dit mieux? Que Xavier Niel fasse la même chose s’il en est capable!” a déclaré M. Bouygues.

Bouygues Telecom “ne dispose pas d’une part de marché très importante sur le fixe aujourd’hui”, rappelle Adrien Bourreau, expert dans le secteur télécom chez Kurt Salmon. “C’est le Petit Poucet sur le fixe, et c’est pour cette raison qu’il peut se permettre de menacer de casser les prix”, estime-t-il.

Surenchère inquiétante

“Cette déclaration est une très mauvaise nouvelle pour tous les acteurs car les prix du fixe se tenaient relativement bien jusqu’à présent”, assure pour sa part un analyste parisien souhaitant conserver l’anonymat.

“Si Bouygues casse les prix sur le fixe, cela aura un impact sur les autres”, affirme-t-il ajoutant que même si la marque Iliad est “très puissante”, “c’est sûr qu’ils perdront des clients”.

Les opérateurs traditionnels sont cependant “relativement bien armés par rapport à Free pour se protéger sur le fixe”, alors que c’est le “talon d?Achille” du quatrième opérateur, Bouygues, assure cependant Thibaut de Smedt, directeur associé dans la banque d’affaires Bryan, Garnier&Co, qui se demande si Free ne va pas “être pris à son propre piège”.

En effet, ce sont les confortables marges de 40% que Free fait dans le fixe – où il a néanmoins contribué à faire baisser les prix des offres combinées internet-téléphonie-télévision avec sa propre box- qui lui permettent de casser ainsi les prix dans le mobile, selon les analystes.

Le titre d’Iliad a d’ailleurs plongé vendredi à la Bourse de Paris. Il a cloturé en baisse de 10,37% à 149,6 euros, dans un marché en hausse de 0,40%.

La surenchère à laquelle se livrent les opérateurs inquiète aussi le gouvernement comme le patronat qui se demandent quelles conséquences elle aura sur l’investissement à l’heure où le pays s’équipe en fibre optique, mais aussi sur l’emploi.

Le président du Medef Pierre Gattaz a ainsi appelé vendredi les opérateurs à la prudence dans la guerre des prix qu’ils se livrent pour éviter “encore du chômage supplémentaire”.

Les propos du président du Medef font écho aux déclarations du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, qui a mis en garde cette semaine contre “une guerre des prix ravageuse” susceptible de provoquer “la mort” d’un des quatre opérateurs français.

Pour M. De Smedt, cette conclusion semble inéluctable. “Ce qui est clair c’est qu’il y a un opérateur de trop. Il y a un jeu de concentration qui va par la force des choses s’opérer en France”. Cependant, “rien n’est écarté”, cela pourra se faire “par des jeux de mutualisation de réseau ou par des opérations plus capitalistiques”, souligne-t-il.