és dans un port (Photo : Peter Parks) |
[22/12/2013 09:11:46] Thionville (AFP) Sur des friches sidérurgiques bordant la rivière Moselle, dans l’est de la France, une ambitieuse plateforme logistique et industrielle fluviale doit être aménagée pour devenir une base arrière des grands ports d’Anvers et de Rotterdam, avec des milliers d’emplois potentiels à la clé.
Herbes folles et taillis recouvrent aujourd’hui les terrains où s’étendaient jadis une cokerie, un parc à fonte et un crassier de hauts fourneaux, désormais fermés ou disparus.
Lointaines réminiscences des montagnes de houille des grandes heures de la sidérurgie, des monticules de charbon s’entassent sur les docks voisins du port public de Thionville-Illange et du port privé d’ArcelorMittal.
Ce paysage est appelé à changer radicalement après 2015, quand les friches cèderont peu à peu la place à l’Europort, un complexe de 200 hectares de manutention et de stockage de conteneurs, d’embranchements routier et ferroviaire ainsi que d’ateliers d’assemblage, de production et de transformation de marchandises issues ou à destination du commerce maritime international.
Car le besoin d’Anvers et de Rotterdam de zones à l’intérieur des terres pour stocker des conteneurs et assembler des produits est “énorme”, leurs réserves foncières se faisant “de plus en plus rares”, explique Jean-Charles Louis, président de la société concessionnaire du port public. Ce 1er port fluvial français pour les produits métallurgiques a prévu lui aussi d’entamer rapidement des travaux pour accueillir des premiers conteneurs d’ici un an.
Le site de l’Europort est idéalement placé sur l’autoroute fluviale que constitue la Moselle canalisée à grand gabarit, à proximité ou en liaison directe avec les réseaux belges, luxembourgeois et allemands, et rejoignant le Rhin à Coblence (ouest de l’Allemagne).
ût 2013 (Photo : Jerry Lampen) |
Pourtant “jusqu’à présent il n’y avait pas de capacité d’accueil de conteneurs sur la Moselle française, bien qu’aujourd’hui toute la logistique mondiale se fasse par conteneurs et non plus en vrac”, souligne Patrick Weiten, le président du conseil général de la Moselle.
Pour être attractif, l’Europort proposera une logique de transport trimodale (fluvial, rail et route) voire quadrimodale avec le fret aérien depuis l’aéroport de Luxembourg.
Les travaux, soutenus par le Pacte Lorraine conclu en septembre entre l’Etat et la région, doivent démarrer fin 2015, pour un coût estimé à plus de 100 millions d’euros.
De nombreux projets complémentaires
Les promoteurs du projet tablent sur la création de 1.500 emplois directs à l’horizon 2030, et M. Louis espère autant d’emplois indirects.
“Des centaines d’emplois” pourront être créés bien plus tôt, une fois que la plateforme sera opérationnelle, promet Philippe Tarillon, maire de Florange et président de la communauté d’agglomération du Val de Fensch, également à l’origine du projet.
Des expériences similaires, avec des plateformes à conteneurs doublées d’installations de montage au service des grands ports de la mer du Nord, ont déjà été réalisées à Dourges (nord de la France) et Liège (Belgique), avec des retombées comparables en termes d’emplois, selon M. Tarillon.
D’autres plateformes multimodales dotées de terminaux à conteneurs doivent être aussi aménagées à partir de l’an prochain sur le port de Metz, 1er port fluvial céréalier de France, et sur celui de Nancy-Frouard, en complémentarité avec Thionville-Illange.
L’activité de l’Europort devrait être également dopée par un futur centre d’échanges commerciaux entre PME chinoises et entreprises locales de 130 hectares, qui sera situé en face, sur l’autre rive de la Moselle. Ce chantier de 150 millions d’euros, intégralement financé par des fonds privés, a démarré en octobre.
“Aujourd’hui 800 PME chinoises ont déjà signé pour venir s’installer ici” à partir du second semestre 2015, se félicite M. Weiten, selon lequel ce site génèrera à terme 3.000 emplois” et pour l’Europort “une activité de “500 conteneurs EVP (équivalent vingt pieds, ndlr) par jour”.
Philippe Tarillon imagine pour sa part une autre complémentarité avec le parc du haut fourneau U4 d’Uckange, seul vestige de l’ancien complexe sidérurgique de la commune à avoir été sauvegardé, et classé au titre des monuments historiques.
La zone de l’U4 “pourrait servir de seconde zone pour des bureaux, de l’hôtellerie, de la restauration et de la vie culturelle”, suggère l’élu.