Qui, du débat sur le budget de 2014 ou des travaux d’adoption de la constitution, aura la faveur de l’ANC? Il faut savoir que le différé du vote sur le budget 2014 créerait une situation inédite avec l’éventualité d’un “shut down“.
Votera, votera pas? L’ANC est dans un dilemme cornélien. En ce sens qu’elle devra faire un choix en tranchant entre la raison d’Etat et l’intérêt national. Elle est en face de deux possibilités. Se consacrer à la finalisation de la Constitution et par la même dénouer la crise politique. C’est certes là une option qui préserverait le Dialogue national devenu notre bulle de sécurité pour garantir le dénouement de la transition.
A l’inverse, s’occuper de l’adoption du budget. Ce serait le signal qu’attend le FMI pour débloquer une nouvelle tranche du crédit de garantie, d’un montant de 250 millions de dollars, laquelle sera suivie d’une série de déblocages, en cascade, de la part de la BM, de l’UE et de la BAD. Cela renflouerait les caisses de l’Etat, évitant ainsi une impasse de trésorerie des finances publiques. Le choix est éminemment tactique.
L’ANC saura-t-elle éviter ce “bogue“ au pays?
Les enjeux du budget
Le FMI, de par son statut de prêteur en dernier ressort, intervient toujours en pompier en utilisant la méthode forte. Il est souvent associé aux redressements budgétaires, réajustements pénibles, qui se traduisent par une réduction du déficit, donc une réduction des dépenses que les populations ressentent avec amertume.
Les réformes qu’il exige de l’Etat tunisien ont des conséquences sociales difficiles à soutenir. L’une d’entre elles, et de loin la plus problématique, c’est la vérité des prix. Il s’agit de l’amorce de l’abandon du système de compensation. En soi, c’est une rupture. Envisageons l’exemple de l’abandon de la subvention de l’énergie. Quel gouvernement prendrait le risque d’augmenter les prix à la pompe, excluant l’ajustement des salaires, sans présenter une politique d’amélioration du transport public? En somme, savoir s’il est préférable pour le pays que l’ANC se consacre à l’examen du budget ou de le différer revient à savoir qui de Ali Laarayedh ou de Mehdi Jomaa accepte d’endosser les réformes impopulaires devenues inéluctables étant donné que le FMI nous tient en joue.
Quel crédit pour les fuites?
C’est devenu monnaie courante de spéculer sur les fuites. Il semblerait que Mehdi Jomaa ait penché pour la solution de l’adoption du budget en promettant de rectifier le tir, une fois investi, selon quelques députés. La fuite a circulé mercredi 25 décembre, date de mise en branle du compte à rebours. Cela veut dire que nous n’aurons pas un nouveau gouvernement le 30 décembre, soit à la fin des deux semaines prévues par la feuille de route.
Le bon peuple serait une fois encore pris à contrepied. Cette option serait-elle sans risque pour le Dialogue et national et le consensus? Si ce processus était mis en question, les retombées seraient incalculables. En revanche, le différé du vote du budget nous exposerait à un simple “shut down“ de quelques jours, au pire de deux à trois semaines. Cette situation, tout en étant inédite, n’est pas périlleuse. Par contre, le report de l’échéance du processus gouvernemental est un pari sur la stabilité du pays.