L’Afrique, eldorado potentiel pour voitures de luxe

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Abidjan (Photo : Sia Kambou)

[29/12/2013 08:12:31] Abidjan (AFP) Porsche, Range Rover, BMW ou encore Mercedes… sur les routes chaotiques d’Abidjan, de nombreuses voitures de luxe se faufilent entre des guimbardes tremblotantes, tĂ©moignage d’une Afrique toujours plus consommatrice d’automobiles onĂ©reuses.

Chacun de ces vĂ©hicules coĂ»te Ă  l’achat plusieurs dizaines de milliers d’euros. Soit des dĂ©cennies de travail pour un Ivoirien payĂ© un salaire minimum, malgrĂ© sa rĂ©Ă©valuation en novembre de plus de 60%, de 60.000 francs CFA (environ 90 euros).

Pour l’amateur d’automobile, Cocody et la Zone 4, les territoires les plus huppĂ©s d’Abidjan, sont pourtant aussi bien pourvus que les plus riches quartiers de capitales europĂ©ennes. Le week-end venu, les hurlements de moteurs puissants rythment les nuits du sud de la ville.

Le phĂ©nomène est identique Ă  Johannesburg, Lagos, ou encore Libreville, oĂą les grosses voitures pullulent. Dans la capitale gabonaise, il n’est pas rare de voir dix gros SUV (Sport utility vehicle, 4X4 urbains) en file indienne sur le boulevard du bord de mer embouteillĂ©.

Les riches Africains aiment les grosses cylindrĂ©es, marqueurs comme ailleurs d’un certain statut social. Au Gabon, 70% des 6.000 vĂ©hicules neufs vendus par an sont de gros 4X4, en majoritĂ© japonais, selon la FĂ©dĂ©ration gabonaise des importateurs de vĂ©hicules.

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Abidjan (Photo : Sia Kambou)

“Ici, c’est +un 4X4 sinon rien+”, raconte l’un d’entre eux, pour qui la voiture au Gabon est “le symbole de la rĂ©ussite, bien plus que le logement”.

Les voitures “premium” ne reprĂ©sentent Ă  l’inverse que 3% des 8.000 autos neuves vendues par an en CĂ´te d’Ivoire, estime un expert. “Mais certains clients recherchent le haut de gamme. Les vĂ©hicules bling-bling, il y a de l’argent Ă  se faire dans ce marchĂ©”, remarque-t-il.

La proportion de “belles bagnoles” est plus importante parmi les 40.000 vĂ©hicules d’occasion importĂ©s, remarque-t-il. Car les lourdes taxes dont sont frappĂ©es les autos neuves rendent les secondes ou troisièmes mains – venues d’Europe, d’AmĂ©rique du Nord ou encore de DubaĂŻ – bien plus accessibles.

Les plus fortunĂ©s peuvent mĂŞme acquĂ©rir les vĂ©hicules les plus extravagants. MalgrĂ© les routes truffĂ©es d’ornières d’Abidjan, qui abiment les voitures trop basses, un importateur propose Lamborghini, Ferrari, etc. Ă  cette clientèle choisie.

Symbole de cette quĂŞte du luxe Ă  quatre roues, Wattao, un ancien chef de guerre devenu cadre sĂ©curitaire sous la prĂ©sidence d’Alassane Ouattara, s’est rĂ©cemment affichĂ© dans sa Maserati devant des camĂ©ras de tĂ©lĂ©vision.

Les constructeurs ne s’y trompent pas. Avec une classe moyenne estimĂ©e Ă  300 millions d’habitants par la Banque africaine de dĂ©veloppement en 2011, mais surtout des strates très aisĂ©es de plus en plus nombreuses, ceux-ci cherchent Ă  se rapprocher de ces clients potentiels.

Porsche dispose d’un showroom flambant neuf Ă  Victoria Island, l’un des quartiers les plus chics de Lagos, Ă  quelques pas du très rĂ©cent hĂ´tel Intercontinental, premier cinq Ă©toiles de la mĂ©tropole nigĂ©riane.

Le constructeur allemand, implantĂ© depuis des dĂ©cennies en Afrique du sud, oĂą il dit connaĂ®tre une progression de ses ventes de près de 40% par an ces deux dernières annĂ©es, s’est rĂ©cemment installĂ© en Angola, au Ghana et au Nigeria, selon Christer Ekberg, son directeur pour le Moyen-Orient et l’Afrique.

Un potentiel africain “Ă©norme”

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Abidjan (Photo : Sia Kambou)

Avec environ 2.000 Porsche acquises en Afrique subsaharienne sur les trois premiers trimestres 2013, dont moins de 10% entre Luanda, Accra et Lagos, des performances malgrĂ© tout qualifiĂ©es de “prometteuses”, le constructeur veut poursuivre son dĂ©veloppement en Afrique.

Des investisseurs locaux sont sollicitĂ©s pour accompagner l’implantation de la marque au Cameroun, en RD Congo, en Ethiopie, au Gabon, en CĂ´te d’Ivoire, en Namibie, au SĂ©nĂ©gal, en Tanzanie et en Zambie.

Le potentiel africain est “Ă©norme”, observe une porte-parole de Mercedes, qui possède une usine d’assemblage en Afrique du sud, pays oĂą 20.000 modèles trouvent preneurs chaque annĂ©e.

BMW, qui a vendu 34.000 autos sur l’ensemble du continent en 2012 (+15% par rapport Ă  2011), veut Ă©galement “continuer Ă  progresser”, selon l’un de ses porte-parole.

Audi anticipe de son cĂ´tĂ© une croissance “dans certaines rĂ©gions” d’Afrique, estime Stefan Hamberger, directeur Proche, Moyen-Orient et Afrique pour la marque, qui se fĂ©licite d’un doublement de ses ventes en trois ans (22.000 autos) et d’une progression “Ă  deux chiffres”.

Reste ensuite à entretenir ces mécaniques de précision, aux pièces rares et chères. Faute de technologie disponible, les voitures les plus exclusives restent parfois immobilisées pendant des mois à Abidjan, constate un bon connaisseur du marché.

“Si Porsche venait en CĂ´te d’Ivoire, les clients seraient ravis de pouvoir faire rĂ©parer leurs voitures dans le garage de la marque”, estime un autre expert.

“Mais ils n’iraient pas nĂ©cessairement acheter chez eux”, tempère-t-il. Et d’assĂ©ner : “les clients friquĂ©s ne sont pas diffĂ©rents des autres”. Il veulent payer moins cher. Et choisissent donc des autos importĂ©es. Les marchĂ©s de niche, mĂŞme de luxe, obĂ©issent finalement Ă  des contingences fort terre Ă  terre.