L’échec de Othman Jerandi à la tête du ministère des Affaires étrangères rend plus problématique la recherche du profil adéquat pour diriger ce département oh combien important surtout dans cette phase de la vie de la Tunisie. Car l’expérience a démontré que si le fait qu’une personnalité politique soit parachutée –ce contre quoi les employés du ministère ont toujours lutté- a ce poste ne rime pas forcément avec échec, la nomination d’un «enfant de la maison» n’est en rien un gage de réussite non plus.
A l’instar de tous les autres membres du gouvernement –à l’exception de Mehdi Jemaa, ministre de l’Industrie, désigné par le Dialogue national pour former le prochain gouvernement-, Othman Jerandi, ministre des Affaires étrangères, est quasiment sûr de ne pas faire partie de la prochaine équipe gouvernementale, car c’est l’une des principales conditions posées par les partis d’opposition, du moins les plus importants parmi eux, pour revenir à la table des négociations ou y rester, pour ceux qui ne l’ont pas quittée.
Mais même sans cette exigence, le chef de la diplomatie tunisienne, nommé en mars 2013, est pratiquement assuré de ne pas rester à ce poste. Car le successeur du gendre de Rached Ghannouchi, Rafik Abdessalem, est en effet aujourd’hui aussi contesté que celui-ci l’a été durant son bref règne.
Ce qui veut dire que le prochain chef du gouvernement pourra difficilement ignorer le malaise du personnel qui avait espéré le règlement de tous ses problèmes avec la nomination d’un diplomate de carrière –chef de cabinet de Kamel Morjane au moment de la chute de Ben Ali- à la tête du ministère.
La signature le 11 avril 2013 d’un accord entre le syndicat et le ministre, prévoyant la promulgation de nouveaux statuts définissant en particulier les critères d’avancement et de nomination à la tête des ambassades a paru mettre fin à un problème vieux de plus de vingt ans. Malheureusement, l’accord n’ayant pas été appliqué six mois plus tard, le syndicat avait déposé un préavis de grève pour le 8 novembre 2013, une grève –la première dans l’histoire de ce ministère- qui avait effectivement eu lieu.
Plus grave encore, la crédibilité du ministre –dont le nom a été proposé à Ennahdha par le président du parti Al Moubadara, Kamel Morjane- est largement entamée parmi ses subordonnés, qui sont convaincu que Othman Jerandi «règne mais ne gouvernement pas» au sein d’un ministère dont le véritable maître serait, d’après eux, un certain Sofiène Chebbi, le seul des cinq conseillers amenés par Rafik Abdessalem à être resté en poste après le départ de ce dernier.
L’échec de Othman Jerandi à la tête du ministère des Affaires étrangères rend plus problématique la recherche du profil adéquat pour diriger ce département oh combien important surtout dans cette phase de la vie de la Tunisie. Car l’expérience a démontré que si le fait qu’une personnalité politique soit parachutée –ce contre quoi les employés du ministère ont toujours lutté- a ce poste ne rime pas forcément avec échec, la nomination d’un «enfant de la maison» n’est en rien un gage de réussite. Ce qui veut dire que Mehdi Jomaa aura fort à faire pour dénicher l’oiseau rare convenant à ce poste.