Alors que la communauté d’affaires, et au premier rang l’UTICA, appelle et par la voix haute portée par sa présidente, Wided Bouchamaoui, à instaurer la sécurité comme priorité par le nouveau gouvernement, la députée Nadia Chaabane dénonce, du haut de son siège à la Constituante et qualifie sur «Tunisie focus» de vote surréaliste: l’amendement de l’article 72 du règlement intérieur dotant 2 commissions spéciales à l’ANC de prérogatives nouvelles et plus spécialement la commission en charge des martyrs et des blessés de la révolution. L’amendement propose que la commission se charge entre autres «… de l’application de la loi sur l’amnistie générale et le dédommagement des victimes de la répression depuis l’indépendance…».
C’est à croire que le gouvernement sortant ainsi que sa majorité cherchent à assurer leurs arrières. D’ailleurs, la dernière visite du Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, irait dans ce sens… Ceci dans le cas où ils partiraient réellement… Car à écouter Rached El Ghannouchi toujours aussi pervers, aussi ambigu et aussi versatile, déclarer sur Shems FM que «Mehdi Jomaâ, le nouveau chef du gouvernement, composera son gouvernement en toute indépendance, avec la consultation des partis politiques», tout en précisant qu’Ennahdha, si sollicitée, proposera des candidats pour le gouvernement en dehors du parti», on flaire tout de suite l’odeur d’un nouveau revirement du parti au pouvoir.
Le vieux renard nous annonce que Mehdi Jomaâ, produit d’un processus consensuel entre les partis et le quartette, aurait éventuellement besoin de consulter les partis pour la composition de son gouvernement. N’y-a-t-il pas eu un vote de confiance béni par Monsieur le Cheikh et ses acolytes? Ou serait-ce un avertissement au nouveau Premier ministre du style, “vous devez avoir notre assentiment, sinon nous vous aurons à la Constituante“?… Cela ne serait pas étonnant, car auparavant, Ghannouchi avait déjà déclaré qu’il sortait du gouvernement mais pas du pouvoir… Allez interpréter cela…
Wided Bouchamaoui, qui s’est beaucoup investie dans le Dialogue national, espérant apporter la contribution du patronat dans l’opération «Sauvons le soldat Tunisie», insiste sur la confiance mutuelle, une meilleure visibilité et surtout le rétablissement de la discipline et de la valeur travail dans un pays où ces deux principes incontournables pour le rétablissement de l’autorité de l’Etat ont été bafoués. «Nous ne pouvons progresser sans plus de rigueur et plus de discipline. Il faut également dire la vérité au peuple tunisien, il ne faut pas rêver, on va avoir une année difficile, beaucoup de sacrifices sont nécessaires, mais nous y arriverons. Je reste toujours optimiste», estime la présidente du patronat.
Mais à voir les agissements du parti au pouvoir et à entendre les déclarations de l’héritier des Frères musulmans en Tunisie, nous ne pouvons nous empêcher de nous poser la question suivante: Laisseront-il Mehdi Jomaâ travailler et mener le pays vers la rive du salut? La réponse n’est pas évidente du tout.