Douz, décembre 2013. L’hiver est là, mais le soleil aussi! Le Festival a été lancé depuis le jeudi 26 décembre. Ici on dit Festival, sans besoin de préciser qu’il s’agit de la 46ème édition du Festival international du Sahara de Douz.
La Fête du Chameau (Aïd Jamel), est historiquement plus vieille que le Festival! Mais qu’importe. Le défilé des bus, des voitures particulières, des motos et autres véhicules ne s’arrête pas!
Les hôtels de Douz, pas assez nombreux, affichent complet depuis début décembre. L’hébergement d’une nuit s’est disputé à 150 DT chez l’habitant quand il le trouve! Mais la particularité de l’édition 2013 du Festival est l’absence notoire des touristes étrangers européens! La plupart des visiteurs de Douz en cette fin d’année sont des Tunisiens. En famille, en groupe ou individuellement ils sont partout!
Le charme de Douz, du sud-ouest à proprement parler, opère toujours. Rien n’y fait! Les menaces terroristes, les difficultés économiques, les prix qui flambent ne dérangent pas! Il y a d’abord cette présence sécuritaire ostentatoirement dès qu’on dépasse le village de Saïdane à 35 Km à l’est de Kébili et premier poste de sécurité du gouvernorat. Les flics de différentes brigades et de toutes les couleurs sont là et ils se font visibles. Sur la place Hnich de Douz où se déroulent les festivités, les voitures de police sont en nombre. C’est vrai que la visite du président Marzouki y est pour quelque chose, mais les responsables même du festival saluent le déploiement sécuritaire et rappellent que des opérations d’envergure ont été dernièrement menées contre des cellules d’Ansar Chariaâ dans la région avec des arrestations par dizaines!
Tenue par une nouvelle direction proche d’Ennahdha, le Festival, dans sa 46ème édition, s’est bien déroulé. De l’avis de tous, la direction s’en est sortie sans être ni sectaire ni omnipotente! Le seul couac que tous les Mrazig n’arrivent pas à digérer concerne la couverture médiatique de la Watania 1 qui, les premiers jours, a fait le black out et a privilégié ostensiblement le Festival des Oasis de Tozeur.
La nouvelle direction a essayé tant bien que mal de maintenir la qualité et la quantité des différentes parties du programme du Festival. Le défilé général du premier jour, les différentes séquences des courses des méharis, des chevaux, la chasse au sloughi (lévrier du désert), la bataille des chameaux, les troupes folkloriques locales et invitées (de l’Algérie, de la Libye, des Touaregs nigériens, etc.).
Cependant, le Festival du Sahara est depuis des années victime de ses succès et de ses moyens limités. La double tutelle du département de la Culture et de celui du Tourisme n’arrange rien. L’existence (récente) des festivals des dattes à Kébili et surtout de celui des Oasis de Tozeur complique les choses bien que le Festival du Sahara soit celui qui a le plus gros budget.
Après la révolution et la liberté retrouvée, une réflexion approfondie est en train de se mettre en place au niveau de la société civile à Douz pour trouver un nouveau souffle au Festival. Des associations comme El Marbed de Douz et Jomana, orientées patrimoine et culture, font un gros travail de recherche des traditions, des vestiges et d’histoire afin d’apporter des nouvelles approches de l’histoire de la région. Ainsi, par exemple, un travail de recherche d’envergure est mis en place en collaboration avec l’Institut national du patrimoine, l’Université de Sousse et une association italienne d’historiens pour construire et entretenir un musée spécialisé dans les Limes Romaines (dernières lignes de défenses des Romains contre les Berbères dans le désert et dont différents vestiges sont exhumés).