Il existe un sentiment partagé chez les banquiers et les entreprises quant à la dégradation des conditions de crédit, enquête à l’appui.
C’est un lieu commun que de ressasser les tensions qui régentent les rapports entre banques et entreprises. Cette fois, ce sont les visions croisées des dirigeants d’entreprises et de banquiers qui le soulignent, noir sur blanc.
Saignées par la crise et le retard de la relance économique, les banques connaissent une illiquidité persistante. Au plan du business, elles ont préféré privilégier le segment des “particuliers“ au détriment des entreprises. Ce choix a eu pour conséquence le durcissement des conditions de crédit.
Comment se fait la perception de la question des conditions de financement, de part et d’autre?
L’illiquidité des banques accentue l’aversion au risque
Depuis la nuit des temps, les entreprises tunisiennes ont reproché leur frilosité aux banques. L’ennui est que le système bancaire a subi deux coups de butoir qui l’ont rendu encore plus averse au risque. Les relents de la crise financière mondiale puis les ratés de la relance économique ont durement éprouvé ses ressources. Cet état d’illiquidité a nettement inhibé les banques dans leur politique commerciale et notamment en matière d’octroi des crédits.
Des groupes de renom trouvent aujourd’hui des difficultés à accéder au crédit bancaire. Et, pour la menue clientèle, les temps sont devenus trop durs. Il va sans dire que les conditions de crédit sont devenues plus sévères. Cela se ressent au niveau des marges de risque, des échéances ainsi que des garanties. Ces aspects ont été étudiés de près dans le cadre d’une enquête réalisée par le Pr Abdelkader Boudriga, pour le compte de l’IACE.
Perceptions croisées de la dégradation des conditions de banque
L’enquête a été réalisée à partir de deux échantillons. Le premier est constitué de 150 entreprises environ dont 75% sont des PME. Le deuxième est composé de près de 70 cadres de banques dont des exploitants, entendez des chefs d’agence ainsi que des responsables dans les services centraux. Tous deux, quoique dans des proportions différentes mais néanmoins concordantes, constatent que les conditions de crédit se sont dégradées. Cela ressort dans les deux diagrammes suivants :
Les chefs d’entreprise donnent le sentiment d’être au pied du mur, pour deux raisons. La première est que l’accès au crédit est devenu problématique du fait des exigences des banques pour les garanties réelles. La seconde est que les taux et les charges -entendez commissions et frais- ont été augmentés. L’obtention et le coût du crédit sont devenus subitement inhibants.
Les banquiers le reconnaissent comme on le voit ci-après:
Outre que les banquiers valident tous les obstacles soulevés par les clients, ils en rajoutent un autre, à savoir la taille des financements. Au bout du compte, le crédit est devenu sélectif et discriminant.
L’ambiance n’est pas à la joie
Plus de 60% du corps des chefs d’entreprise considèrent que le financement des entreprises est à un niveau défavorable, comme on peut le voir ci-après:
Source : site IACE