Kamel Morjane, président du parti Al Mubadara, reste serein dans une Tunisie tourmentée et déchirée par les vagues des intérêts des uns et des autres, allant des plus bassement matériels aux plus méprisables: ceux du pouvoir pour le pouvoir et non pour servir la nation. Il reconnaît lui-même que le leadership politique n’est pas le plus sage qui soit.
«Mes attentes pour 2014 sont grandes pour la Tunisie et pour le monde, même si je sais que le père Noël n’existe pas et que les décideurs politiques ne sont pas toujours les plus sages. Pour le monde, j’espère qu’il connaîtra plus de paix et d’égalité surtout au Moyen-Orient et en Afrique».
Pour la Tunisie, ce qu’espère Kamel Morjane, c’est l’apparition d’un nouvel élan pour un véritable départ vers un avenir meilleur, dans une Tunisie démocratique, prospère et ouverte sur le monde. Pour réaliser cet objectif et sortir de la crise politique et socio-économique, il estime que l’effort doit porter sur trois domaines, qui sont interdépendants: sécuritaire, politique et économique.
«Pour le premier, qui est à la base de tout, les objectifs sont clairs et portent sur la sécurité du territoire et sur celle des citoyens. Pour ces derniers, il faudrait surtout garantir aussi bien l’intégrité physique que les libertés individuelles. Deux actions me semblent nécessaires: le renforcement des capacités de nos forces armées et de sécurité et la coopération de tous les citoyens avec celles-ci».
Pour le politique, le président du parti Al Mubadara s’attend à l’adoption imminente de la nouvelle Constitution, «qui a trop tardé», et à la composition d’un nouveau gouvernement.
Un gouvernement, qui aura à affronter d’énormes difficultés, même si M. Morjane ne le dit pas. Car nombreux sont les ministres qui se sont empressés de miner par leurs alliés les ministères qu’ils devraient, en principe, quitter, s’appropriant ainsi l’administration. Serait-ce dans le but de mettre des bâtons dans les roues à un nouveau gouvernement formés de compétences nationales non partisanes? Ou de détruire ce qui reste d’un Etat que l’on a eu de cesse de vouloir casser depuis l’avènement de la Troïka au pouvoir et dont les «nobles actions» ont été couronnées par la dernière loi sur l’indemnisation de «militants politiques» très tard la nuit du 29 au 30 décembre 2013, et votée par des députés censés protéger les intérêts de la nation et non se remplir les poches eux et leurs partisans?
La confiance! Un terme que ces gens-là ne connaissent pas mais que Kamel Morjane met en avant, en parlant du grand rendez-vous de l’année: «Il s’agit de l’organisation d’élections libres et transparentes. Soit un test essentiel pour notre démocratie naissante et qui permettront de renforcer la légitimité des institutions de l’Etat. Un effort doit être fait par tous les acteurs politiques et ceux de la société civile pour établir un climat de confiance et de concertation permettant la réalisation d’une réconciliation nationale réelle et durable». Tout cela encouragera le retour des investisseurs et des touristes étrangers, et permettra la reprise économique et la réduction du taux de chômage, tient à préciser M. Morjane: «Je fais confiance à mes compatriotes qui doivent réaliser que l’année qui s’annonce verra des moments forts qui engageront l’avenir de notre pays et feront tout pour assumer leurs responsabilités».
Abou Al Kacem Al Chebbi a dit un jour: «Celui qui plante les épines récolte les blessures. Regarde là-bas où tu as moissonné. Les fleurs de l’espoir, le torrent du sang va t’arracher. Et l’orage brûlant va te dévorer». A quoi Nelson Mandela pourrait répliquer, parlant de l’espoir: «Cela paraît toujours impossible, jusqu’à ce que ça soit fait».
Juste pour que ceux qui gouvernent aujourd’hui ne se trompent pas de projet et ne se trompent pas d’ennemi. Les Tunisiens sont un peuple optimiste, animé par l’espoir de «dégager» tous ceux qui veulent en faire de nouveaux esclaves. Ceux-là mêmes qui oublient que le mur de la peur est tombé.
K.M fait bien de faire confiance à ses compatriotes!