Industrie : la France à contre-courant du rebond européen

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ën à la Française mécanique à Douvrin, dans le nord de la France (Photo : Philippe Huguen)

[02/01/2014 16:54:11] Paris (AFP) L?Europe qui redémarre alors que la France piétine: c’est la conclusion de l’enquête de décembre de la société Markit auprès des industriels, qui montre des Français paralysés alors que les Allemands, mais aussi les Espagnols vont de l’avant.

“Les fabricants français signalent une nouvelle détérioration de la conjoncture dans le secteur manufacturier français en décembre. L’indice des acheteurs PMI se replie de 48,4 en novembre à 47,0” le mois dernier, soit le plus bas niveau depuis 7 mois, a indiqué Markit, qui souligne que “les replis de la production et des nouvelles commandes se renforcent”, tandis que “le recul de l’emploi s’accélère”.

Lorsque l’indice dépasse les 50 points, cela signifie que l’activité progresse, tandis qu’elle se replie s’il est en dessous de ce seuil, comme en France.

Selon Jack Kennedy, économiste chez Markit, “le secteur manufacturier français termine l?année 2013 sur une note décevante”, et “les entreprises interrogées mentionnent un climat d?incertitude persistant”. Selon lui, un “retournement de situation ne se profile pas encore à l’horizon”.

Les données françaises contrastent avec les enquêtes menées par Markit dans le reste de la zone euro, et qui ont également été publiées jeudi.

L’indice PMI d’activité dans l’industrie de l’ensemble de la zone euro atteint ainsi en décembre son plus haut niveau depuis 31 mois, et affiche sa plus forte progression en plus de deux ans et demi, à 52,7 points contre 51,6 en novembre.

Cette embellie européenne généralisée est portée en particulier par l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie, trois pays qui selon Markit ont enregistré en décembre leur plus forte croissance d’activité dans l’industrie depuis le premier semestre 2011.

La Grèce, qui part d’une situation économique particulièrement dégradée, retrouve elle un niveau de PMI qu’elle n’avait plus atteint depuis quatre ans.

Du côté des économistes, le retard pris par la France sur le reste des Européens, mais aussi les bonnes performances de l’Espagne ne surprennent pas.

Le PMI “n’est pas une bonne nouvelle” et montre “qu’au minimum, la France est à la traîne”, indique ainsi Frederik Ducrozet chez Crédit Agricole CIB, qui discerne en particulier un “réel écart entre l’Espagne et la France”, deux pays dont les structures industrielles sont selon lui assez similaires pour autoriser une comparaison pertinente.

“L?Espagne est en avance dans le rebond”, juge l’économiste, qui rappelle toutefois que le pays, soumis à de dures réformes, a souffert d’une récession plus prononcée que la France.

Pour M. Ducrozet, “le salut de la France ne pourra venir que des autres”, c’est-à-dire des pays en meilleure forme économique et dont la demande va tirer l’industrie française.

L’économiste relativise toutefois l’enquête Markit, qui semble condamner la France et en particulier son industrie à la récession. Pour lui, le scénario le plus probable reste celui d’une petite reprise dans les prochains mois, conformément à d’autres baromètres de l’industrie publiés par l’Insee ou la Banque de France, qu’il juge “plus solides”.

Même opinion de la part de Jean-Luc Proutat, chez BNP Paribas, selon qui l’indice Markit en décembre “ne donne pas la bonne indication” dans sa composante française.

Et de rappeler que l’enquête mensuelle sur l’industrie de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), qui, elle, fait état pour décembre d’un mieux dans le secteur, est menée auprès de 4.000 entreprises, contre 400 pour Markit.

Selon l’Insee, le climat dans l’industrie française vient même de retrouver sa “moyenne de long terme”, ce qui n’était plus arrivé depuis septembre 2011, et le secteur se trouve dans “une dynamique conjoncturelle favorable”.

M. Proutat juge qu’en plus de la demande extérieure, l’industrie française pourrait être stimulée un peu dans les mois qui viennent par “un besoin d’investir et de renouveler le capital fixe”. Mais s’il croit à une petite reprise, elle ne sera selon lui que “très, très poussive”.