SNCM : poursuite de la grève, défiance des salariés envers le gouvernement

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és de la compagnie maritime SNCM manifestent devant la mairie de Marseille, le 2 janvier 2014 (Photo : Anne-Christine Poujoulat)

[03/01/2014 19:27:34] Marseille (AFP) Les salariés de la SNCM, compagnie maritime en difficulté, restaient déterminés au terme de trois jours de grève à poursuivre leur mouvement, défiants à l’égard d’un gouvernement resté sourd à leurs revendications.

Vendredi, le ministre des Transports Frédéric Cuvillier a renvoyé la balle à la direction, l’appelant sur RMC à prendre des mesures de redressement “rapidement”, dans la droite ligne des propos du Premier ministre Jean-Marc Ayrault qui, mardi, avait promis une aide de trésorerie de 30 millions d’euros.

Or pour dirigeants et syndicats, étonnés de voir émerger depuis plusieurs mois un front anti-SNCM agitant le spectre du dépôt de bilan, le retour à l’équilibre passe d’abord par un plan industriel de sauvetage, qui prévoit la commande de quatre navires propulsés au gaz, permettant des gains de productivité.

Ce plan validé en juin et voté par les actionnaires (dont l’Etat) en septembre programmait ces commandes dès fin 2013, pour des livraisons de 2016 à 2018, avec en parallèle la suppression de 500 postes sans départs contraints.

D’après les syndicats, qui ont reconduit pour samedi leur mouvement, suivi à 65% chez les marins, le gouvernement renie donc ses engagements.

“Le fait que le gouvernement nous dise: +redressement d’abord, lancement des commandes de bateaux après+, ce n’est pas sérieux et c’est en contradiction totale avec le plan”, a réagi auprès de l’AFP Maurice Perrin, délégué CFE-CGC et un des représentants de l’intersyndicale (CFE-CGC, CGT-marins, Syndicat autonome des marins de la marine marchande, CFDT), évoquant “une union sacrée” sans précédent dans l’entreprise, entre toutes les catégories de personnels, marins, officiers et sédentaires.

Lors d’une réunion en préfecture vendredi après-midi, au lendemain de rencontres avec des élus locaux, les salariés ont demandé confirmation qu’il n’y a “pas de reniement” de ce plan.

“Plus que jamais, il nous faut une position claire du gouvernement”, a insisté M. Perrin, alors que dans le même temps, le ministre annonçait vouloir réunir dans les prochains jours les acteurs du dossier pour étudier comment financer l’achat des bateaux. “Toutes les initiatives seront bonnes. On peut le faire notamment par une implication de la Caisse des dépôts et de la BPI”, a souligné M. Cuvillier.

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ée (Photo : Bertrand Guay)

6.000 passagers touchés

Autre motif de discorde, l’actionnariat. Face au souhait de Veolia – qui devait récupérer en direct les 66% détenus par Transdev, coentreprise formée avec la Caisse des dépôts – de se désengager, les syndicats réclament une table ronde pour plancher sur un “actionnariat public d’intérêt général” avec la CDC et les collectivités, aux côtés de l’Etat (25%) et des salariés (9%). Sans réponse concrète pour l’instant.

Dernier point, la “distorsion de concurrence” créée selon la SNCM par la compagnie privée Corsica Ferries, aux navires battant pavillon italien et aux équipages multinationaux. Le ministre a annoncé l’entrée en vigueur “dans les prochains jours” d’un décret qui “permettra de rétablir la situation”, en “obligeant les compagnies étrangères qui interviennent dans les eaux intérieures à s’aligner sur les règles sociales françaises”.

Des termes jugés trop flous par la CGT qui revendique, comme la direction de la SNCM, l’obligation pour tout opérateur établi en France d’armer ses navires sous pavillon français de premier registre.

Pour lutter contre le “dumping social” de Corsica Ferries, la compagnie a par ailleurs décidé jeudi de se joindre à la plainte déposée en décembre par le syndicat auprès de la Commission européenne, pour contester les aides octroyées à sa concurrente au titre de l'”aide sociale”.

Ces subventions, qui visaient à l’origine à soutenir les personnes dépendantes, en difficulté et les jeunes, ont été dévoyées de leur objectif au bénéfice d’un versement forfaitaire au transporteur, accusent les plaignants.

A ce stade, l’immobilisation de six des huit bateaux de la SNCM desservant la Corse et le Maghreb – les deux autres sont en hivernage – , s’est traduite par une perte de recettes de 1,25 million d’euros pour l’entreprise, déjà en proie à des difficultés de trésorerie et sous le coup d’une double condamnation de Bruxelles à rembourser 440 millions d’euros d’aides jugées illégales. Au total, 6.000 passagers ont été touchés, tous prévenus, a indiqué Pierre Jaumain, porte-parole de la SNCM.