à Marseille le 2 janvier 2014 (Photo : Anne-Christine Poujoulat) |
[05/01/2014 14:48:07] Marseille (AFP) Les esprits s’échauffent en Corse au 5e jour de grève de la SNCM et de la Méridionale, avec le début dimanche de blocus des transporteurs routiers et la montée au créneau de l’office des transports de Corse (OTC) qui demandent un “service minimum” aux compagnies.
Alors que le conflit a depuis mercredi empêché plusieurs milliers de passagers de transiter sur les bateaux des deux compagnies et perturbé le fret routier, le syndicat des transporteurs routiers de Corse a décidé d’afficher son “ras-le-bol”.
“Le mot d’ordre, c’est de ne pas transporter de fret”, a précisé le président du syndicat, Jean-Marie Maurizi, qui a demandé à la compagnie privée Corsica Ferries, la seule assurant aujourd’hui des traversées, de ne pas embarquer de marchandises. Une demande à laquelle la compagnie a indiqué avoir l’intention de se conformer.
écembre 2013 (Photo : Pascal Pochard Casablanca) |
“Des bateaux sont arrivés (en Corse) ce (dimanche) matin avec du fret, comme c’était prévu, mais ils doivent repartir sans fret”, indique M. Maurizi, tout en soulignant que les passagers de la Corsica pourront eux monter à bord.
Si ce mot d’ordre n’est pas respecté, des actions plus dures sont envisagées, précise-t-il, évoquant le blocage des “ports, de ronds-points ou de Bastia”.
Outre le fait que les bateaux de la Corsica arrivent à Toulon, voire en Italie, plutôt qu’à Marseille, ce qui désorganise leurs plans de transit, les transporteurs ne s’estiment pas correctement traités par la Corsica qui, selon eux, privilégie ses clients habituels.
“Nous comprenons que les transporteurs qui travaillent habituellement avec la Corsica continuent à le faire, mais on constate que les autres transporteurs restent à quai”, malgré l’annonce par la compagnie privée de bateaux supplémentaires, insiste M. Maurizi.
La décision de l’arrêt du fret pour tout le monde a donc été prise “pour mettre tout le monde sur un pied d’égalité”, justifie-t-il.
“Il y a eu en tout 6 bateaux dédiés au fret sur la Corse. Les clients existants n’ont bénéficié d’aucun privilège, cependant, ils avaient réservé leurs billets à l’avance et il était impossible de les annuler”, leur a répondu Pierre Mattei, le directeur général de la Corsica.
‘La grève de trop’
“Nous avons informé nos clients que le fret ne pourrait être assuré à partir de la décision des transporteurs corses. Ceci dit, nous sommes prêts, si on (les transporteurs, ndlr) nous le demande, à remobiliser de nouvelles capacités de navires”, a-t-il ajouté.
Selon M. Maurizi, la Corse est cependant loin d’un début de pénurie – “c’est de l’intox”, affirme-t-il – bien que tous les produits consommés en Corse viennent du continent.
La principale marchandise originaire de l’île victime de ce blocage devrait être la clémentine, dont la saison bat son plein.
De son côté, le président de l’Office des transports de Corse (OTC), Paul-Marie Bartoli, a dénoncé “la grève de trop” du duo SNCM-Méridionale, qui a remporté la délégation de service public (DSP) de la desserte de la Corse pour la période 2014-2023.
“Il faut que cette grève cesse”, a tonné M. Bartoli, qui “demande instamment un peu plus de responsabilité aux organisations syndicales”, dont il dit cependant comprendre les inquiétudes.
Selon France 3 Corse, l’OTC a également demandé la mise en place par la Méridionale et la SNCM d’un “service social et solidaire”, prévu dans la dernière DSP, et qui doit s’appliquer dès le cinquième jour de grève.
Ce “coup de pression” intervient à la veille d’une semaine importante.
Le ministre des Transports Frédéric Cuvillier doit en effet recevoir lundi la Fédération nationale des marins CGT, qui demande que soit rendu obligatoire pour toutes les compagnies le pavillon français premier registre, l’un des motifs de la grève.
Il doit également réunir dans la semaine les acteurs du dossier SNCM pour discuter du financement du renouvellement de la flotte de la compagnie marseillaise, un plan que réclament à cor et à cri les syndicats de l’entreprise historique, en proie à d’importantes difficultés financières et menacée de dépôt de bilan.