Tunisie – Retraites : Comment traiter le déficit des Caisses de retraite (1/2)


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déficit des Caisses de retraite et d’assurance maladie, voilà une urgence que la
crise politique a occultée. La réforme des régimes de retraite ne peut être
abordée que dans le cadre du débat sur le nouveau contrat social, lui aussi
victime de la crise. Par-delà ce décalage forcé, le nouveau gouvernement
sera-t-il en mesure de faire les justes choix?

Ce n’est un secret pour personne dans le pays que le régime de retraite bat de
l’aile. La CNRPS est dans le rouge depuis deux ans et l’Etat fait la soudure. La
CNSS, pour sa part, est en exposition de déséquilibre à moyen terme avec les
conséquences que l’on connaît. Pourquoi en est-on arrivé là?

L’irruption du déséquilibre du régime de retraite

Qu’est-ce qui est en cause dans la survenue de la difficulté du régime de
retraite? C’est bien entendu le déséquilibre des flux entre recettes et
décaissements. Ces dernies progressent à grande vitesse.

Le régime de retraite par compensation dit bismarkien, en usage en Tunisie, est
parmi les plus généreux. Il est calculé, pour la CNRPS, sur le dernier salaire,
ce qui est une disposition généreuse. Sous la pression du déficit, les pays à
économie avancée ont été obligés d’adopter le salaire moyen des dix dernières
années d’activité. Par ailleurs, l’allongement de l’espérance de vie augmente
les flux de décaissements des deux régimes. Et c’est là une tendance lourde. En
contrepartie, les cotisations marquent le pas du fait du sous-emploi qui lamine
les flux de prélèvement.

Les deux caisses sous tension

La condition minimale pour l’équilibre du régime est d’avoir quatre actifs pour
un retraité. La CNSS se trouve à ce plancher. Elle est en passe de le franchir,
tendant vers le chiffre de trois. La Caisse voit pourtant ses recettes augmenter
depuis deux ans de 15% environ. On pense que cela vient du fait que les
employeurs déclarent avec plus de sincérité. Malgré tout, à échéance de 6 à 7
ans, si rien n’est fait par ailleurs, elle plongera dans un déficit chronique,
pouvant mettre en péril sa pérennité.

Quant à la CNRPS, avec 2,5 actifs pour un retraité, elle se trouve déjà en
déficit. L’Etat fait l’appoint. Selon les chiffres du ministère, il lui a versé
40 millions de dinars en 2012 et 75 en 2013.

Comment enrayer le déficit du régime, à l’avenir?

L’inversion des flux : les décaissements dépassent les cotisations

Le redressement du déficit des Caisses figure parmi les points essentiels du
nouveau contrat social. Il est donc à l’ordre du jour. Les partenaires sociaux
focalisés sur la résolution de la crise politique ont différé son examen. Il ne
faut tout de même pas se cacher la vérité, car le redressement du déficit
appelle des mensures impopulaires. Elles sont de deux ordres.

La première est politique. Elle consisterait à laisser filer le déficit et c’est
l’Etat qui serait contraint de subventionner les Caisses. Mais cette situation
ne peut durer éternellement.

La seconde est sociale et électorale. Elle serait de faire supporter le coût aux
salariés et aux entreprises. Dans ce cas de figure, on relèverait à la fois les
taux de cotisation et l’âge de départ à la retraite. Cela fâcherait deux grands
réservoirs d’électeurs que sont les salariés et les chefs d’entreprise.

Sitôt la passation réalisée, la question referait surface. Le futur gouvernement
sera-t-il assez fort pour affronter la situation ou alors refilera-t-il cette
“patate chaude“ au gouvernement qui sera issu des prochaines élections?