à -50% (Photo : Frederick Florin) |
[06/01/2014 13:22:51] Paris (AFP) Les soldes d’hiver démarreront officiellement mercredi dans toute la France pour cinq semaines, même si dans les faits, la chasse aux bonnes affaires a déjà commencé à la faveur de promotions ou offres privilèges.
Cette année, le phénomène de “soldes avant les soldes” est plus important que jamais, certains n’ayant pas hésité à brader vêtements ou jouets avant même la date fatidique de Noël.
“Il y a une fuite en avant, chacun voulant solder avant son voisin pour tenter d’attirer les consommateurs” déplore Daniel Wertel, président de la Fédération française du prêt-à-porter féminin.
Cause de cette inflation de promotions hors des périodes officielles: “une énième année de crise, un pouvoir d’achat en berne et un trafic en magasin qui s’érode”, note le cabinet Kurt Salmon.
“Avec la crise, les ventes ne sont plus forcément au rendez-vous, on se retrouve avec des stocks dont il faut se débarrasser. D’autant que la durée de vie des produits est de plus en plus courte”, note Jean-Marc Genis de la Fédération nationale de l’habillement.
Pour les commerçants, “il faut donc maintenir, soutenir le chiffre” de ventes coûte que coûte, et “pour faire venir le client, il faut désormais le stimuler, le motiver à coups de remises, d’offres exceptionnelles…”, souligne Aude de Moussac, experte de la consommation chez Kurt Salmon.
D’autant que cette année, la saison d’hiver n’a pas démarré sous les meilleurs auspices, avec pour l’essentiel une météo particulièrement clémente pour la saison.
Si novembre a été un bon mois (+7% selon l’Institut français de la mode), les deux mois d’entrée de saison ont été “très difficiles” avec des replis de respectivement 5,6 et 4,3%, et des ventes “moroses” pour Noël.
Chez les indépendants, la situation est encore plus alarmante, avec huit commerçants sur dix qui ont vu leur chiffre d’affaires baisser par rapport à 2012, qui était déjà une mauvaise année, indique la Fédération nationale de l’habillement (FNH).
“Les consommateurs ont pris l’habitude de tout acheter à prix barrés et sont devenus des négociateurs hors pair. La perception du prix est totalement biaisée”, déplore M. Wertel, n’hésitant pas dans ce contexte à qualifier les soldes, telles qu’ils sont organisés en France, “d’archaïsme”.
Demande de remise à plat du système
A son image, beaucoup de professionnels du secteur n’hésitent pas à interpeller le gouvernement pour remettre à plat le système. Pour l’instant, sans grand succès.
“Il y a un vrai problème avec la réglementation. Il faut s’interroger sur la date de début des soldes, car dans les faits, pour les consommateurs, les achats en promo c’est dès le 26 décembre” avec le Boxing Day anglais ou les soldes en Belgique ou au Luxembourg, estime Bernard Morvan de la FNH.
“Nos vieux concepts sont peut-être un peu dépassés et il faudrait penser à revoir la loi” pour l’adapter aux nouvelles pratiques de consommation, estime M. Genis.
“Il faut tout revoir, car dans la pratique, personne n’est satisfait”, ajoute-t-il.
Et pour les consommateurs, les soldes ont-ils encore un sens ? Selon plusieurs sondages, l’attachement à cette période existe toujours, avec une immense majorité de Français (entre 74 et 95%) qui déclarent avoir l’intention de faire les soldes cet hiver.
Cette année cependant, le budget consacré à cet évènement restera sous haute surveillance, un tiers des consommateurs prévoyant de réduire le montant qu’ils y consacreront.
Hors l’effet crise, la multiplication des rabais hors soldes n’est pas sans conséquence : 28% des sondés déclarent désormais qu’ils effectueront moins d’achats pendant la période des soldes pour cette raison, selon un autre sondage Ipsos pour le Conseil national des centres commerciaux.
De la même manière, l’exigence de rabais importants sera cette année particulièrement haute, puisque sept Français sur dix réclament des réductions d’au moins 40 à 50%, alors que 6% seulement sont prêts à se contenter d’une remise de 20%.
Ils ne devraient pas être déçus, car chez beaucoup de commerçants, les stocks de produits d’hiver (gros pulls, doudounes …) sont encore hauts. Les étiquettes à -40 et -50% devraient logiquement fleurir sur les vitrines dès les premiers jours, estime Kurt Salmon.