édéric Alpozzo, représentant de la CGT-Marins de la SNCM, le 8 janvier 2014, parle à la presse avant de participer à une réunion de négociations à Paris (Photo : Kenzo Tribouillard) |
[09/01/2014 10:05:04] Marseille (AFP) Paralysée depuis le 1er janvier par une grève très suivie, la SNCM semblait s’orienter jeudi vers la fin du conflit au lendemain d’une réunion jugée “constructive” avec le gouvernement, qui s’est engagé sur un renouvellement de la flotte et le pavillon français, selon les syndicats.
Les représentants syndicaux ont prévu de détailler aux salariés les avancées lors d’assemblées générales prévues dans la matinée et non ouvertes à la presse, avant de rencontrer la direction de la compagnie maritime, qui n’avait pas été conviée au ministère.
Il a fallu plus d’une semaine pour que le ministre des Transports renoue la discussion avec les grévistes sur l’ensemble du dossier, après avoir été interpellé par le sénateur-maire UMP de Marseille, Jean-Claude Gaudin, et le président PS de la région Paca, Michel Vauzelle.
A l’issue de la table ronde mercredi soir, les deux parties affichaient leur satisfaction, Frédéric Cuvillier estimant que “les conditions étaient réunies pour une reprise de l’activité”, quand les syndicats exprimaient un “sentiment plutôt positif”.
“Le gouvernement a pris en compte la nécessité du renouvellement de la flotte et de la régulation de la concurrence, ce sont les deux éléments majeurs”, a expliqué le délégué CFE-CGC des officiers, Pierre Maupoint de Vandeul, joint par l’AFP.
ête à renouer les discussions avec les syndicats de la SNCM, le 8 janvier 2014 à Paris (Photo : Kenzo Tribouillard) |
Concernant le premier point, la Banque publique d’investissement (bpiFrance) et la Caisse des dépôts (CDC), actionnaire de la SNCM, vont étudier “les solutions financières” en vue de l’achat de quatre bateaux.
Cette commande, prévue dans le plan de sauvegarde que les actionnaires (Veolia Transdev à 66%, État à 25%, actionnaires salariés à 9%) avaient voté le printemps dernier, n’a cessé d’être repoussée, Veolia agitant le spectre d’un dépôt de bilan, au grand dam des syndicats et de la direction qui y voient la clé d’un retour à l’équilibre de la société.
Difficultés chroniques
Second point crucial pour l’avenir de l’opérateur historique des liaisons Corse-continent, la “distorsion de concurrence” créée, selon la SNCM, par la compagnie privée Corsica Ferries, aux navires battant pavillon italien et aux équipages multinationaux.
Le ministère travaille à l’élaboration d’un décret anti-dumping social, “unique en Europe”, assure Frédéric Cuvillier, promettant “des règles qui sont les mêmes pour tous”.
Une réunion technique à ce sujet a eu lieu lundi entre le cabinet et la CGT, et une autre doit réunir, jeudi, les armateurs et l’ensemble des syndicats, qui demandent l’obligation pour toutes les compagnies ayant des activités en France d’opérer sous pavillon français “premier registre”.
La SNCM, compagnie aux difficultés chroniques, n’est jamais parvenue à un équilibre financier solide depuis sa création il y a plus de 30 ans. Privatisée en 2006 dans des conditions “contestables”, selon un récent rapport parlementaire, elle accumule les pertes, confrontée à la concurrence croissante de Corsica Ferries et pénalisée par des grèves à répétition, avant une accalmie sociale ces deux dernières années.
La compagnie maritime est en outre sous le coup d’une double condamnation de Bruxelles à rembourser 440 millions d’euros d’aides jugées illégales.
Une situation qui dissuade tout actionnaire: Veolia, qui devait récupérer en direct les 66% détenus par Transdev, coentreprise formée avec la Caisse des dépôts, souhaite se désengager. M. Cuvillier a dit vouloir réunir les collectivités “pour préciser sous quelle forme elles souhaitent intervenir”, alors que les syndicats réclament une table ronde pour plancher sur un “actionnariat public d’intérêt général”.
La grève, qui touche le duo SNCM-Méridionale, détenteur de la délégation de service public (DSP) de la desserte de la Corse pour la période 2014-2023, a entraîné l’immobilisation des navires desservant la Corse et le Maghreb. Pour la SNCM, elle avait entraîné sur les trois premiers jours une perte de recettes de 1,25 million d’euros et affecté plus de 6.000 passagers.