Entre 2011, année de la révolution, et 2013, l’indice de référence de la Bourse de Tunis a accumulé trois baisses successives de 14,3%, payant ainsi au comptant le prix de la montée du terrorisme, les assassinats politiques et l’instabilité politique.
Le flou qui entoure toujours le processus de transition, l’échec de l’Assemblée nationale constituante (ANC) à adopter la Loi fondamentale et à définir une feuille de route claire et consensuelle sur les prochaines échéances politiques n’ont pas également arrangé les choses, estime Mena Capital Partners (MCP).
Dans une rétrospective annuelle de l’activité de la place financière tunisienne, l’intermédiaire en Bourse précise que jamais le TUNINDEX n’avait cumulé, depuis son lancement en 1997, trois années de baisses successives. En trois ans, l’indice a fondu de 14,3%, passant de 5112,52 points fin 2010 à 4381,32 points au 31/12/2013.
En dépit du record de baisse en termes de nombre d’années, la perte de l’indice était moins importante que celle réalisée sur les deux années 2001 et 2002, durant lesquelles le TUNINDEX a cumulé une régression de 22,42% en deux ans seulement.
Pour MCP, le repli de la Bourse en 2001 et 2002 était relativement déconnecté de la situation économique et sécuritaire du pays mais dû en particulier à l’éclatement de la bulle spéculative du marché provoqué par un désengagement massif des étrangers avant et après les évènements du 11 septembre 2001. Cette baisse du marché avait impliqué des rachats massifs des SICAV mixtes entraînant le marché dans un cercle vicieux jusqu’à la fin de l’année 2002.
Plusieurs dégradations de la note souveraine de la Tunisie
Alors que durant ces trois dernières années, la régression du marché a été plutôt liée à la situation politique, économique, sociale et particulièrement sécuritaire du pays, en 2013, l’indice de référence de la Bourse de Tunis inscrit une baisse de 4,33% à 4381,32 points contre 4579,85 points fin 2012.
L’attentisme pesant qui perdure a enfoncé lentement le pays dans une crise sans précédent et affaibli par conséquent la confiance des investisseurs.
Les indicateurs macroéconomiques qui virent au rouge ont incité les principales agences de notation à dégrader la note de la dette souveraine en monnaie étrangère de la Tunisie à plusieurs reprises en 2013. Le 16 août 2013, l’agence de notation Standard and Poor’s n’avait pas hésité à classer la Tunisie dans la catégorie des “pays très spéculatifs”. Le 19 décembre dernier, la même agence a affirmé la note souveraine de crédit à long terme de la Tunisie à «B» avant de la retirer par la suite, à la demande du gouvernement tunisien.
En 2013 : évolution au rythme de l’actualité
L’indice TUNINDEX a bien démarré l’année, prenant jusqu’à 3,37% le 1er février, avant de chuter le 6 février, de 3,7% suite à l’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd.
Après la démission de l’ancien président du gouvernement, Hamadi Jebali, et son remplacement par Ali Larayedh le 13 mars 2013, un vent d’optimisme avait soufflé sur la place financière tunisienne, ce qui avait permis à l’indice TUNINDEX d’atteindre, le 22 mars 2013, 4764,85 points, soit un niveau proche de celui atteint à la veille du 6 février.
Toutefois, il replonge dans le rouge fin mars 2013, en raison de la détérioration des équilibres de la balance des paiements, le tarissement des réserves en devises et la persistance de l’inflation.
Le 7 mai 2013, la Bourse amorce une rechute au lendemain de l’explosion d’une quatrième mine antipersonnel au mont Chaambi, dans le gouvernorat de Kasserine, faisant trois blessés parmi les militaires.
Malgré les tentatives de rebond enregistrées durant l’été 2013, qui ont permis au marché de cumuler, jusqu’au 24 juillet 2013, un rendement positif depuis le début d’année de 1,39%, la Bourse replonge dans le rouge, après l’assassinat de l’opposant et membre de l’ANC Mohamed Brahmi, le 25 juillet, et le massacre de 8 soldats quatre jours plus tard.
La dégradation des indicateurs économiques du pays ont exhorté les experts économiques ainsi que le gouverneur de la Banque centrale à tirer la sonnette d’alarme. L’Institut d’émission décida d’augmenter le taux directeur de 3,75 à 4,00% en mars 2013 et de limiter les crédits à la consommation moyennant des contraintes plus restrictives en termes de réserves obligatoires.
Record aux niveaux des nouvelles introductions
Malmenée, la Bourse de Tunis termine l’année sous les menaces d’actes de terrorisme pour le jour de l’an, clôturant une année funeste avec une baisse de son indice phare de 4,33%.
A l’exception des indices de l’assurance (dopé par TUNIS-RE et STAR) et l’indice agroalimentaire (dopé par la SFBT), tous les autres indices sectoriels terminent dans le rouge, avec 47 régressions sur l’année contre seulement 20 progressions et 4 valeurs inchangées dont trois pour non démarrage de cotation.
La capitalisation boursière (CB) du marché a augmenté (sous l’effet de nouvelles admissions et de levée de capitaux des sociétés cotées) de 2,3%, soit moins que la hausse estimée du PIB nominal en 2013, ce qui a ramené le poids de la CB de 19,5% en 2012 à 18,6% en 2013.
La part des étrangers dans la capitalisation a enregistré une reprise, passant de 20,5% en 2012 à 22,1% en 2013 (novembre 2013).
L’année 2013 fut en outre marquée par la levée de fonds sous forme d’augmentation de capital en numéraire par 7 sociétés cotées pour un montant global de 139,6 MDT dont la plus importante a été réalisée par CARTHAGE CEMENT pour une levée de 80,1 MDT.
L’année écoulée a, également, enregistré un record en termes d’introduction en Bourse par la procédure d’offre à prix ferme avec 12 admissions dont 5 sur le Marché alternatif et 7 sur le marché principal, générant une CB additionnelle de 1.197,27 MDT.
Les nouvelles introductions ont généré des placements de fonds de 387,18 MDT dont 269,38 MDT sous forme de cessions de titres et 117,80 MDT sous forme d’augmentation de capital en numéraires.
Au total, les sociétés cotées et les nouvelles compagnies introduites ont levé sur le marché sous forme d’augmentation de fonds propres 257,36 MDT.
Ainsi, la CB du marché a augmenté en 2013 de 313 MDT. Toutefois et compte non tenu de l’effet volume, elle a chuté de 1.082 MDT soit de 7,9%. Les capitaux échangés en 2013 ont atteint 1.533,83 MDT, en baisse de 26,2% par rapport à 2012. Le volume des transactions sur titre de capital a atteint 1.457,25 MDT, en baisse également de 25% par rapport à 2012.
CARTHAGE CEMENT se positionne en tête du podium avec une enveloppe de 129 MDT de capitaux échangés, devançant ONE TECH ainsi que SOMOCER. La CTKD a franchi également à la hausse le seuil de 5% dans le capital de ONE TECH au cours du mois de novembre 2013.
Cependant, le marché obligataire demeure très peu liquide et ne représente que 5% du volume global de la Cote contre 6,5% en 2012 et 6,3% en 2011.