é à Istanbul (Photo : Ugur Can) |
[09/01/2014 13:32:28] Istanbul (AFP) Le gouvernement turc a déposé au Parlement un projet de loi qui instaure un contrôle très strict sur internet, notamment en autorisant la surveillance des activités des utilisateurs ou en bloquant certains mots-clé.
Ce texte doit permettre à l’autorité gouvernementale en charge des télécommunications de limiter l’accès aux sites de partage de vidéos, de conserver pendant deux ans un dossier des activités de chaque internaute sur le web en listant les sites qu’il a visités et les mots-clé qu’il a utilisés, ou sur les réseaux sociaux.
Ce projet est destiné à “protéger la famille, les enfants et la jeunesse des informations qui, sur internet, encourage la consommation de drogues, les abus sexuels et le suicide”, a expliqué le journal Hürriyet, qui a révélé l’information.
Selon ce quotidien proche de l’opposition, le gouvernement islamo-conservateur envisage également de créer une nouvelle entité à laquelle tous les fournisseurs d’accès à internet seraient contraints d’appartenir.
Dans un “rapport sur la transparence” publié le mois dernier, le géant de l’internet Google a classé la Turquie, avec la Chine, au premier rang des censeurs du web, avec une hausse de 966% du nombre de demandes de retraits d’informations sur les six derniers mois.
“La Turquie n’est pas la Chine et ne le deviendra jamais”, a plaidé mercredi le vice-Premier ministre et porte-parole de l’AKP Huseyin Celik, interrogé sur le texte soumis au Parlement.
“N’y a-t-il pas un consensus dans ce pays en faveur de lois pour réguler les réseaux sociaux et internet ? Nous pouvons mettre en place des règles fondées sur les normes en place partout ailleurs dans le monde”, a-t-il ajouté.
En 2008, la plateforme de distribution de vidéo YouTube avait été interdite en Turquie après avoir diffusé des images montrant des supporteurs de football grecs se moquant des Turcs. L’interdiction avait été levée deux ans plus tard sur décision de justice.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan est lui-même un adversaire résolu des réseaux sociaux. Lors de la fronde antigouvernementale de juin dernier, il avait qualifié de “fauteur de trouble” le réseau de micro-blogging Twitter, instrument de communication privilégié des manifestants qui réclamaient sa démission.
Son Parti de la justice et du développement (AKP) a toutefois récemment annoncé la création d’un réseau de plusieurs milliers de jeunes militants chargés de propager ses idées sur les réseaux sociaux.