és en France (Photo : Jean Francois Monier) |
[10/01/2014 10:37:31] Paris (AFP) A peine un quart des emballages plastique sont recyclés en France. Pour faire mieux, il est envisagé de collecter à terme tous les plastiques et pas seulement les bouteilles et flacons. Mais un test à grande échelle mené depuis 2012 montre que cela va prendre du temps.
Quand on dit aux Français de mettre dans leur “bac jaune” tous les emballages plastique, y compris pots de yaourt, barquettes de beurre ou films souples, on leur simplifie la vie et on récupère davantage de plastique. Mais cela complique aussi sérieusement la tache des centres de tri, encore peu adaptés.
Tel est le premier bilan de l’expérimentation pilotée depuis 2012 par Eco-Emballages et impliquant 51 collectivités et 3,7 millions de Français. L’éco-organisme présentera fin mars son “plan” pour développer le recyclage des plastiques, indique à l’AFP son directeur général, Eric Brac de la Perrière.
Avec un taux de recyclage de 23% des emballages ménagers plastique, la France fait moins bien que ses proches voisins européens. Le choix a été fait en France de se limiter aux bouteilles et flacons, qui représentent 40% des emballages plastique. Actuellement, un flacon sur deux est recyclé.
Les pots, barquettes, films souples et sacs, soit les 60% restants, sont incinérés ou enfouis avec les autres déchets ménagers. Or une bonne partie de ces plastiques sont recyclables, permettant de refaire des barquettes mais aussi des sacs poubelle ou des tuyaux.
Le projet serait donc à terme d’élargir la cible en collectant tous les emballages plastiques, comme aux Pays-Bas ou en Allemagne, tout en travaillant avec les industriels pour améliorer, en amont, la recyclabilité des emballages et, en aval, leur valorisation.
Un containeur de recyclage des bouteilles en plastique (Photo : Fred Tanneau) |
Dans les collectivités participant à l’expérimentation, le poids des emballages plastique collecté est passé à 7,6 kg par habitant et par an contre 5,9 kg auparavant (sur les 17,1 kg d’emballages ménagers plastique mis sur le marché), indique Eco-Emballages.
Blocage au centre de tri
Côté collecte, pas de souci: les bacs existants sont suffisants pour accueillir ces plastiques supplémentaires.
Un blocage important apparaît en revanche dans les centres de tri, où arrivent les emballages usagés pour être dispatchés selon les matériaux (acier, aluminium, carton, plastiques…).
Ces centres ne sont globalement “ni dimensionnés, ni organisés” pour traiter les nouveaux plastiques, plus souples et plus petits, constate le patron d’Eco-Emballages. Seuls 15% d’entre eux, selon lui, réussissent à trier ces plastiques à un coût et une qualité permettant d’être rachetés par les recycleurs.
En ralentissant le tri et en nécessitant davantage de main d’oeuvre, les coûts de traitement des nouveaux plastiques s’élèvent à 1.600 euros la tonne en moyenne contre 800 euros pour les bouteilles et flacons, assure l’éco-organisme.
Cela n’étonne pas Bertrand Bohain, délégué général du Cercle national du recyclage, représentant de nombreuses collectivités, qui rappelle que les centres de tri existants (environ 250 en France) ont été conçus uniquement pour les flacons. Pour lui, il est injustifié de comparer les coûts de traitement entre les deux filières, l’une “mature” et l’autre “émergente”.
Le syndicat mixte de la vallée de l’Oise, organisme gérant le tri pour 473.000 habitants participant à l’expérimentation, ne cache pas les difficultés en dépit d’une chaîne de tri totalement adaptée.
“Les films mettent un peu le cirque dans la chaîne, c’est vrai… Mais je n’essaierai pas de revenir en arrière! Le bénéfice en termes d’augmentation globale de la collecte sélective et de confort des habitants, c’est 100% gagnant”, assure le directeur général des services, Gilles Choquer.
En mars, Eco-Emballages présentera ses “préalables” à toute généralisation de la consigne tout-plastique.
Avec ces questions qui font débat: faut-il moderniser les centres existants? En bâtir de nouveaux ultra-modernes? Ou créer deux niveaux de tri, en laissant aux collectivités locales un tri simplifié et en confiant à quelques centres très spécialisés le soin de séparer les résines?
Autant de questions qui seront au coeur d’une étude que rendra prochainement l’Ademe sur l’avenir du tri à l’horizon 2030.