un magasin Leroy Merlin (Photo : Philippe Huguen) |
[10/01/2014 13:55:56] Paris (AFP) Les partenaires sociaux du bricolage continuaient de discuter vendredi sur les contreparties pour les salariés au travail dominical, mais avant toute signature, les syndicats réclament que le nombre de magasins autorisés à ouvrir le dimanche soit limité et que le volontariat soit réversible.
Après avoir publié un décret fin décembre autorisant les magasins de bricolage à déroger au repos dominical jusqu’au 1er juillet 2015, le gouvernement a donné deux jours à la fédération des magasins de bricolage (FMB) pour négocier un accord de branche avec les organisations syndicales.
La FMB propose plusieurs garanties pour les salariés: volontariat, doublement au minimum de la rémunération, attribution d’un repos compensateur, engagements en termes d’emploi et d’accès à la formation.
Toutefois, il est peu probable que les syndicats, très remontés contre cette autorisation et déterminés à négocier davantage d’avancées pour les salariés, respectent ce délai.
“Il n’y aura pas de signatures (de l’accord, NDLR) ce soir, les représentants de la fédération du bricolage vont juste nous présenter un projet d’accord cet après-midi”, a assuré Pascal Le Mangouero, responsable CFE-CGC, interrogé par l’AFP.
Contactés par l’AFP, les autres syndicats n’étaient pas disponibles dans l’immédiat pour confirmer cette information, mais la CGT, CFTC et FO s’étaient déjà montrés sceptiques jeudi quant à une possible signature dès vendredi.
En fin de matinée, les syndicats avaient fini d’établir leur revendications et le patronat devait “présenter son projet d’accord en début d’après-midi pour répondre à nos revendications”, selon Pascal Le Mangouero.
Les discussions bloquent, entre autres, sur une liste de 178 magasins des enseignes Brico Dépôt, Bricomarché, Bricorama-Batkor, Castorama, Leroy-Merlin, Les Briconautes, Mr Bricolage et Weldom.
Pour obtenir le décret, le patronat avait promis d’ouvrir le dimanche uniquement les magasins où l’ouverture avait déjà été constatée. Selon Christophe Le Comte de la fédération FO du commerce, certains magasins figurant dans la liste n’ont jamais ouverts le dimanche, avant le décret.
“généralisation des ouvertures”
Les syndicats redoutent “une généralisation des ouvertures” et dénoncent le “manque de garanties apportées par le patronat”, résume Jean-Paul Horville, secrétaire fédéral de la fédération CGT Commerce.
“Aujourd’hui, liste ou pas liste, avec le décret n’importe qui peut se sentir autorisé à ouvrir son magasin, même au fin fond de la campagne”, a affirmé à l’AFP Axel Barboteau de la CFTC.
Les syndicats déplorent d’avoir été mis devant le fait accompli par le gouvernement qui a publié son décret sans le conditionner à un accord collectif, comme préconisé par le rapport Bailly. De plus, ils pointent le fait que l’accord proposé soit “limité dans le temps par les employeurs” jusqu’au 1er juillet 2015.
Pour qu’il y ait accord, il doit être signé par des syndicats réalisant au moins 30% des voix aux dernières élections professionnelles et il ne doit pas être frappé d’opposition de syndicats réalisant 50%.
En 2013, dans la branche du bricolage, la CGT a obtenu 26,94% des voix, la CFTC 24,84%, la CFDT 24,26%, FO, 19,96% et la CFE-CGC 4%.
La CGT et FO ont d’ores et déjà annoncé qu’elles ne signeraient pas le texte. La CFTC, la CFDT et la CFE-CGC restent favorables à la négociation pour que le principe du volontariat et la majoration de salaire soient “inscrits dans le marbre” dans la convention collective.
La CFDT, estime également que le principe du volontariat doit être réversible. Il réclame également une prise en compte des frais inhérents au travail dominical (transports, garde d’enfant..).