“Les réserves nationales de pétrole brut, qui restent à produire à partir des champs conventionnels en Tunisie, sont estimées à 450 millions de barils, sans compter les gisements non conventionnels de gaz de schiste”, a fait savoir Ridha Bouzouada, directeur de la prospection et de la production des hydrocarbures à la Direction générale de l’énergie.
Dans une interview accordée à la TAP, le responsable a précisé que les opérations d’extraction pourraient se poursuivre encore 16 ans, “si la moyenne de production actuelle de 27 millions de barils par an se maintient, soit l’équivalent de 65.000 barils par jour (moyenne de production des cinq dernières années), et ce sans prendre en considération de nouvelles prospections”.
Baisse de la production de pétrole en 2013
Jusqu’au mois d’octobre 2013, la production nationale de pétrole brut en Tunisie a atteint, selon M. Bouzouada, environ 18,71 millions de barils, soit une baisse de 7,2% par rapport à la même période de 2012, malgré une augmentation de la production des champs Asdrubal au large de Sfax, Baraka dans le Golfe de Hammamet et Amani à Tataouine.
Il a fait remarquer que malgré la poursuite des activités de prospection et d’exploration, “les nouvelles découvertes sont d’un volume réduit et ne couvrent pas la régression naturelle de la production dans les grands champs pétrolifères”.
Ce recul a causé, selon ses dires, une baisse de la production de pétrole au cours des 5 dernières années de 31,7 millions de barils en 2008, à 18,71 millions de barils en 2013.
La régression naturelle de la production des grands champs de “Borma” à Tataouine et “Ashtar” dans le Golfe de Gabès et aussi l’arrêt de la production dans certains gisements pour des travaux de maintenance, de contrôle ou encore en raison de mouvements sociaux, ont été, d’après le responsable, derrière la baisse de la production du pétrole dans le pays.
81 milliards m3 de gaz exploitable
Les quantités de gaz restantes et exploitables sont estimées à environ 81 milliards m3. Ces quantités peuvent être exploitées sur une période de 20 ans, avec une moyenne de 3,6 milliards de m3 par an.
La production nationale de gaz a atteint jusqu’au mois d’octobre 2013, 2,41 milliards m3 contre 2,35 milliards m3 durant la même période en 2012, soit une augmentation de 6%.
M. Bouzouada impute cette évolution à l’augmentation de la production des champs “Asdrubal” au large de Sfax et “Adam” à Tatouine.
D’après les données disponibles, outre les activités de l’ETAP (Entreprises tunisienne des activités pétrolières), 45 permis sont actuellement en vigueur et 52 concessions d’exploitation ont été accordées à 60 sociétés, dont 4 seulement tunisiennes et le reste sont des sociétés étrangères ou mixtes.
300 millions de dollars d’investissement
M. Bouzaouda a indiqué que des investissements de l’ordre de 300 millions de dollars (près de 495 millions de dinars) seront consacrés à la prospection en 2014, année au cours de laquelle sont programmés 15 puits d’exploration et 14 de développement, outre une exploration sismique bidimensionnelle portant sur 2 mille km2 et tridimensionnelle sur 1.500 km2. De janvier à octobre 2013, les opérations prospection sismique (tridimensionnelle) avaient porté sur 3.136 km2 et celles bidimensionnelles sur 2.785 km2, en 2012. De même, 23 puits ont été forés dont 13 de prospection et 11 de développement.
S’agissant de l’amendement du code des hydrocarbures, promulgué en août 1999, M. Bouzouada a expliqué que ce code avait été élaboré dans une conjoncture caractérisée par un faible cours du baril, ne dépassant pas 15 dollars, alors que les entreprises tunisiennes manquaient d’attractivité et que les pays du Golfe octroyaient avantages et incitations, ce qui a poussé les plus grandes compagnies à quitter la Tunisie, à l’instar de la française “ELF” et des américaines “Marathon Oil” et “Conoco Philips”.
Le code des hydrocarbures a été modifié, en 2002, 2004 et 2008 pour l’adapter à la conjoncture économique et énergétique. Toutefois, son entrée en application a révélé que certains de ses articles peuvent être interprétés de différentes manière, outre la découverte d’hydrocarbures dans des gisements non conventionnels.
C’est la raison pour laquelle le ministère de l’industrie a consulté plusieurs experts sur la possibilité d’amender certains articles pour rendre ce code plus précis et y introduire un chapitre qui concerne les énergies non conventionnelles et leurs modes d’exploitation.
L’activité des compagnies pétrolières est légale
M. Bouzouada a nié que «ces amendements soient en relation avec la polémique actuelle relative à la corruption dans le secteur».
Il a estimé que l’activité de toutes les compagnies pétrolières opérant en Tunisie est «légale» et conforme aux critères appliqués dans ce domaine, appelant, dans le même contexte, les services concernés à auditer les travaux effectués par les compagnies pétrolières ainsi que les impôts qu’elles payent.
Il a proposé, ainsi, de concevoir des programmes pour la formation au profit des cadres dans les administrations, ainsi que de leur assurer les moyens de travail et les ressources humaines nécéssaires pour faciliter les opérations de contrôle et d’audit, notamment en matière de fiscalité.
D’après M. Bouzouada, les services concernés ont transféré trois dossiers à la justice en raison pour les deux premiers cas de «suspicions», relatives aux méthodes d’octroi de concessions d’exploitation et de la non participation de l’ETAP dans l’entreprise.
Le troisième dossier concerne la société canadienne “Voyageurs” qui dispose de 9% du permis de «Borj El Khadra».