Depuis le 4 janvier, la Tunisie vit un de ces moments historiques que longtemps après nous et nos descendants allons nous rappeler avec beaucoup de nostalgie et de fierté. Encore une fois, le mois de janvier entre dans l’histoire de la Tunisie comme un moment clés, celui du parachèvement, dans la douleur peut-être, de la Constitution de la 2ème République tunisienne!
Il n’y a pas que les contestations violentes contre les dernières taxes du gouvernement de la Troïka qui marquent le mois de janvier 2014! Même si ces contestations viennent donner la dernière preuve de l’incompétence et de l’arrogance d’Ali Laarayedh et de ses ministres, nous ne devons pas nous leurrer! L’essentiel est ailleurs! L’essentiel est au Bardo à l’ANC qui, depuis samedi 4 janvier, s’est attelée à parachever la Constitution attendue depuis deux ans !
C’est une course contre la montre au meilleur sens du terme. Plus de 800 jours depuis les élections du 23 octobre 2011 sont passés en palabres et en discussions, et nous voilà acculés à discuter et voter cette Constitution tant attendue en l’espace de 10 jours. C’est vari que le travail est presque achevé. Même les différends qui continuent à semer la zizanie sont en passe d’être résolus grâce à la mobilisation des structures du Dialogue national qui acculent les partis chaque fois à trouver et approuver des solutions de compromis.
Beaucoup de Tunisiens ne mesurent peut-être pas la portée des événements de ce janvier 2014! Et pourtant! Depuis le début de la Révolution, que de chemin parcouru! Dans la douleur des fois comme à Siliana, à Rouhia, à Jebel Chaambi, au moment de la mort de Chokri Belaïd ou de Mohamed Brahmi, ou celui des soldats et des agents de la Grade nationale, ou des forces de sécurité, ou des citoyens ordinaires. Beaucoup de moments pénibles, des peurs des uns et des autres, des appréhensions et des tensions.
Mais voilà, la Tunisie est en passe de gagner son pari et d’être comme il se doit le premier pays arabe à se doter d’une Constitution démocratique digne du XXIème siècle et surtout qui interdit définitivement tout retour de la dictature sous quelque forme que ce soit. Celle des individus «sauveurs», celle des militaires investis par les armes, celle de droit divin délégué à je ne sais qui.
C’est la deuxième phase tant attendue de la Révolution qui est en passe de se concrétiser. La Tunisie a renversé pacifiquement la dictature de Ben Ali et a destitué le gouvernement issu des élections du 23 octobre 2011. Sans effusion de sang, sans état insurrectionnel!
Les petites et les grandes manœuvres dont nous sommes témoins au sein de l’ANC font plus rire que pleurer. Comme cette mascarade mal mise en scène d’Abderraouf Ayadi qui distribue des photos tirées du Facebook pour dire que la Constitution ne protège pas le sacré! Ou ce député d’El Mahabba qui fond en larmes pour défendre le Prophète! Ou encore ces déclarations à l’emporte pièce sur la nécessité de défendre le système éducatif contre le chauvinisme! Comme si l’universalité du système éducatif se contredit avec la défense de la culture et la langue nationale! On dit en arabe justement que nous sommes devant la dernière «danse du coq égorgé!». Chacun y va de sa petite critique de cette Constitution. Chacun veut constitutionnaliser tout et n’importe quoi! Chaque parti, chaque association, chaque organisation nationale ou professionnelle a sa petite lecture de la Constitution, et c’est tant mieux!
Cependant, la version définitive est celle qui passe par cette Assemblée tant décriée mais dont nous ne pouvons pas faire l’économie.
C’est une semaine historique. Les citoyens arabes, de Rabat à Bagdad, en passant surtout par Tripoli, Le Caire, Damas ou Sanaa, ont les yeux rivés sur ce que nous faisons! Les médias et les observateurs internationaux suivent nos tribulations, pas à pas! Nous sommes condamnés à réussir!
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