été du Medef en 2006 (Photo : Pierre Verdy) |
[15/01/2014 13:02:02] Paris (AFP) Il y a 30 ans, Yvon Gattaz, le père de l’actuel patron du Medef, promettait déjà au gouvernement socialiste de l’époque des embauches contre des allègements du coût du travail et plus de flexibilité.
Il a obtenu gain de cause, mais aucune statistique officielle n’a pu montrer si la promesse d’embaucher plus de 400.000 personnes avait été tenue.
Le 10 avril 1984, Yvon Gattaz, alors président du Conseil national du patronat français (CNPF), l’ancêtre du Medef, affirme que les entreprises sont “prêtes à se mobiliser sur l’emploi”. La France, qui vient de prendre le tournant de la rigueur, compte 2,2 millions de chômeurs.
Selon lui, des emplois sont “disponibles”, mais un “mur” de “contraintes fiscales, administratives, sociales” pèse sur les entreprises.
Il propose au gouvernement alors dirigé par le socialiste Pierre Mauroy, parmi d’autres mesures de flexibilité, d’expérimenter pendant cinq ans des “emplois nouveaux à contraintes allégées” (ENCA), une formule susceptible, selon lui, de créer “471.000 emplois supplémentaires, dont 400.000 dès la première année”.
Conditions: les nouvelles embauches ne doivent pas être comptabilisées dans les effectifs, afin d’éviter les effets de seuils fiscal et social aux entreprises qui créeraient ces emplois; elles doivent être exonérées des taxes assises sur les salaires (formation, apprentissage, etc.); possibilité de recours au licenciement économique pour ces emplois nouveaux, sans autorisation administrative préalable.
Les syndicats très réticents
Des négociations s’ouvrent entre les partenaires sociaux. Après sept mois et 14 séances de négociations, un protocole d’accord sur “l’adaptation des conditions d’emploi” est élaboré. Il propose, entre autres, une annualisation du temps de travail, un allongement de la durée des missions d’intérim et des contrats à durée déterminée. En outre, le paiement intégral des taxes de transport et de construction est réservé aux entreprises de plus de 20 salariés.
Une majorité de syndicats rejette le texte.
La situation reste bloquée jusqu’à la victoire de la droite aux élections législatives de mars 1986.
Sans exiger des contreparties en matière d’embauches, le gouvernement de Jacques Chirac satisfait plusieurs revendications patronales: suppression de l’autorisation administrative de licenciement, exonérations de charges sociales pour l’embauche de jeunes de moins de 25 ans et facilitation des recours aux CDD, au travail temporaire et au temps partiel.