Une station-service (Photo : Thomas Samson) |
[15/01/2014 13:52:46] Paris (AFP) Le géant pétrolier Total s’est dit disposé mercredi à gagner un peu moins d’argent sur les carburants dans les DOM, où le mode de fixation des prix à la pompe fait l’objet d’une réforme.
“On est prêt à accepter une réduction de notre rémunération, mais pas n’importe laquelle”, a insisté le PDG de Total, Christophe de Margerie, lors d’une audition devant la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale.
Trois décrets – un pour les Antilles-Guyane, un pour La Réunion et un pour Mayotte – qui visent à faire la transparence sur les coûts et les marges des compagnies pétrolières en outre-mer, ont été publiés au Journal officiel le 31 décembre, malgré la vive opposition des pétroliers et des gérants de stations-service.
Ces décrets, qui remplacement un texte adopté en 2010 après un mouvement social, rendent obligatoire la distinction, dans la formation des prix, entre ce qui relève de l’évolution des cours des carburants et les frais (assurance, fret, raffinage, notamment).
Mais ces textes ne sont applicables qu’assortis d'”arrêtés de méthode” qui doivent notamment préciser le rendement maximal des capitaux des activités monopolistiques (raffinage et stockage), autrement dit le nerf de la guerre. Des discussions techniques ont débuté le 9 janvier sous l’égide du ministère de l’Economie.
“On aurait préféré éviter de passer par un décret qui n’a pas été véritablement négocié avec nous”, a insisté M. de Margerie. Il s’agit “maintenant de clairement discuter et de voir ce qu’on peut accepter, sans se battre”.
Le secteur des carburants est monopolistique dans les départements d’outre-mer, dominé par Total, Exxon, Rubis, Shell. Leurs marges oscillent entre 14% et 21%, mais ce sont les préfets locaux qui, par arrêté, fixent le prix des carburants.
Total contrôle plus de 50% du marché et gère la raffinerie SARA, implantée en Martinique et qui approvisionne également Guyane et Guadeloupe en carburants raffinés.
“C’est l’Etat qui décide de notre rémunération et cette raffinerie, elle a été décidée par le général de Gaulle pour assurer l’approvisionnement des îles”, a expliqué M. de Margerie. “Ce n’est pas nous qui l’avons décidée. Elle a été faite pour servir un peu de service public. A ce moment-là, on dit: +est-il normal que la rémunération qu’on veut donner aux actionnaires de la SARA est inférieure à ce qu’on donne à EDF en France en rémununération de ses services publics?+”, s’est-il interrogé.
A Mayotte, où Total assure l’importation, le stockage et la distribution des hydrocarbures, “c’est tellement intéressant tout ça, que personne ne veut y aller”, a ironisé le dirigeant, interpellé par un député qui lui reprochait ses marges “de 22%” sur l’île.
“Si vraiment vous pensez qu’on gagne trop d’argent à Mayotte, on vous le rend. Allez chercher quelqu’un qui va vous faire tout, en transparence, en mieux, en plus propre”, a ajouté M. de Margerie. “Nous partirons gentiment. Il n’y a pas de raison qu’on reste en étant haï et critiqué tout le temps”.