Salué par Berlin et Bruxelles, le pacte de Hollande secoue la classe politique

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ée le 15 janvier 2014 (Photo : Kenzo Tribouillard)

[15/01/2014 16:45:41] PARIS (AFP) Salué par Berlin et Bruxelles, François Hollande a contraint ses alliés et adversaires politiques à afficher clairement leur position sur son offensive économique en direction des entreprises, même si les suites de sa liaison avec Julie Gayet continuent d’alimenter la chronique.

Mercredi, la ministre de la Culture Aurélie Filippetti dû rayer le nom de l’actrice sur une liste de personnalités pressenties pour participer au jury d’admission des pensionnaires de la Villa Médicis, afin de ne pas “donner prise à une quelconque polémique”.

L’affaire, révélée par le Canard Enchaîné risquait, de nouveau de parasiter le message présidentiel sur l’économie, alors que la veille François Hollande avait réussi à temporiser sur ses problèmes de couple.

En Allemagne, le nouveau chef de la diplomatie, le social-démocrate Frank-Walter Steinmeier a salué des annonces “courageuses”.

Pour Andreas Schockenhoff, un ténor de la CDU, le parti conservateur de la chancelière Merkel, il s’agit d’un “clair changement de paradigme” qui rappelle le tournant de la rigueur de François Mitterrand en 1983.

Jusqu’à présent dubitative à l’égard de la politique économique de Paris qu’elle jugeait trop laxiste, la Commission européenne a parlé d’une “bonne nouvelle” et d’un pas “dans la bonne direction”.

La France “est en train de bouger”, s’est également félicité mercredi sur le perron de l’Elysée l’ancien président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker, dans les starting-blocks pour prendre la tête de la Commission.

Mardi, lors de sa troisième grande conférence de presse solennelle du quinquennat, François Hollande avait annoncé sa volonté d’exonérer totalement les entreprises du financement de la politique familiale, un allégement de charges évalué à quelque 30 milliards d’euros d’ici à 2017.

Cette annonce a pris à contre-pied la droite, embarrassée par un président qui se disait encore “socialiste” en mai mais qui aujourd’hui se dit ouvertement “social-démocrate”.

“usine à gaz”

Aveu du patron de l’UMP Jean-François Copé: une baisse des charges des entreprises, “quel est le député de l’opposition qui va être contre?” a-t-il admis, mettant toutefois en garde sur le thème, “le diable se cache dans les détails”. S’il jugera François Hollande à ses actes, l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a toutefois jugé “bienvenu” son “changement de discours”.

Plus sévère, un autre ancien locataire UMP de Matignon, Francois Fillon, n’a vu dans le “pacte de responsabilité” de François Hollande “qu’un slogan, une nouvelle usine à gaz”.

A des degrés divers, la gauche de la gauche s’est effarouchée, redoutant un virage par trop libéral. “Attention! J’ai l’impression que la réforme fiscale est un peu oubliée au profit du pacte de responsabilité”, a mis en garde le député Jérôme Guedj, sur l’aile gauche du PS.

De la même obédience, la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann a reproché au président Hollande de s’aligner “sur des philosophies et des actions qui ont été menées depuis dix ans dans pas mal de pays de l’Union européenne et qui n’ont pas marché”.

Avec sa verve habituelle, le leader du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon a tonné contre “le coup de barre à droite le plus violent qu’on ait vu de la part d’un gouvernement de gauche depuis Guy Mollet”. François Hollande “a démarré avec le discours contre la finance et il termine par des cadeaux sans contrepartie au patronat”, a-t-il accusé tandis que le numéro 1 du PCF Pierre Laurent a fustigé un “pacte d’irresponsabilité sociale”.

Mardi à l’Assemblée nationale, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a tenté de mettre tout le monde d’accord. Demandant à l’opposition d'”être au rendez-vous” de ces réformes d'”esprit social démocrate”, il s’est aussi adressé à la gauche toute entière alors que le gouvernement engagera sa responsabilité sur le pacte de François Hollande.

“Pour moi, la gauche quel que soit son nom, qu’elle soit socialiste, sociale démocrate ou qu’elle soit communiste, ce n’est pas toujours plus de dette et plus de déficit”, a-t-il ainsi lancé dans l’hémicycle dans un appel au rassemblement.