La Bourse de Londres en mars 2013 (Photo : Leon Neal) |
[16/01/2014 15:43:23] Londres (AFP) Cinq agences de notation financière, principalement issues des pays émergents, ont uni leurs forces pour lancer jeudi à Londres ARC Ratings, espérant pouvoir concurrencer les trois grands acteurs qui dominent le marché.
“Le monde a changé de façon spectaculaire depuis l’écroulement du marché américain des subprimes en 2008 qui a provoqué la crise du crédit”, a déclaré le directeur général d’ARC, Jose Pocas Esteves, lors d’une conférence de presse.
“ARC et ses cinq partenaires fondateurs pensent que les vieilles méthodes et les vieilles approches ne sont plus suffisantes”, a-t-il argué.
Cette nouvelle venue sur le marché de la notation a été fondée sous la houlette de la portugaise Companhia Portuguesa de Rating (CPR) – rebaptisée il y a quelques mois ARC Ratings -, avec l’indienne Credit Analysis and Research (CARE), la sud-africaine Global Credit Rating (GCR), la malaisienne Malaysian Rating Corporation (MARC) et la brésilienne SR Rating.
Et elle espère bien être en mesure de concurrencer les trois grands du secteur.
Un marché dominé par S&P, Fitch et Moody’s
Le marché mondial de la notation financière, qui consiste à évaluer la solvabilité d’une entreprise ou d’un pays ou le risque lié à un titre financier, est actuellement dominé par les américaines Standard & Poor’s (groupe McGraw Hill) et Moody’s, ainsi que Fitch, une coentreprise du français Fimalac et de l’américain Hearst.
Mais leur crédibilité a été sérieusement remise en question depuis la crise des subprimes, pour avoir attribué des bonnes notes à des produits financiers qui se sont révélés excessivement risqués. Elles ont aussi été accusées par les responsables politiques européens d’attiser la crise de la zone euro.
Du coup, les agences plus petites tentent de proposer une alternative. Avant la naissance d’ARC, l’agence américaine Egan-Jones, la russe RusRating et la chinoise Dagong avaient annoncé il y a un an un partenariat pour créer Universal Credit Rating Group. Un projet européen soutenu par le groupe de conseil allemand Roland Berger n’a en revanche pas réussi à trouver le financement nécessaire.
En faisant son entrée sur le marché, ARC Ratings entend aussi proposer une alternative au niveau des méthodes de notation.
“Nous allons introduire une nouvelle notation, la notation de risque systémique (Systemic Risk Rating, SRR)”, a expliqué le responsable de la notation chez ARC, Uwe Bott. Ce SSR prendra en compte les risques qui peuvent peser sur une notation, comme par exemple en ce moment la réduction des mesures de soutien de la Fed, qui a un impact très fort sur les marchés.
Une note sur la stabilité financière donnera elle une appréciation de cette question pour un pays donné.
Pour les notations classiques, ARC, qui entend se focaliser sur les entreprises moyennes, reprendra globalement la classification des autres agences incluant le triple A, note la plus élevée.
Pas encore de feu vert aux Etats-Unis ou en Chine
Disposant déjà du feu vert pour opérer en Europe, ARC Ratings doit néanmoins encore l’obtenir pour les deux gros marchés que sont les Etats-Unis et la Chine.
Les cinq agences partenaires au sein d’ARC Ratings, qui disposent au total de 6.000 clients, opéreront sous cette appellation sur le marché international mais continueront d’utiliser leur nom sur leur marché national.
Contacté par l’AFP, un porte-parole de Standard and Poor’s a “salué la concurrence qui favorise des notations de haute qualité et indépendantes et fournit aux investisseurs une diversité de vues sur le risque-crédit”.
“Les antécédents de nos notes d’entreprises et de pays, comme indicateurs de risque de défaut, sont très solides et le sont restés durant la crise financière”, a-t-il toutefois tenu à rappeler pour balayer les critiques.