Le consortium pour le Canal de Panama poursuit les travaux malgré ses menaces de suspension

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à Colon, le 17 janvier 2014 (Photo : Rodrigo Arangua)

[20/01/2014 19:17:26] Panama (AFP) Le consortium chargé de la plus importante partie des travaux l’élargissement du Canal de Panama poursuivait ses activités au ralenti lundi malgré l’expiration de l’ultimatum qu’il avait fixé à l’administrateur pour obtenir une rallonge financière.

“Ils continuent à travailler à faible intensité comme la semaine dernière”, a indiqué à l’AFP Jorge Quijano, administrateur de la voie interocéanique. Un constat confirmé peu après par le ministre du Canal Roberto Roy.

Ces derniers jours, les travaux se sont poursuivis le long du canal, où les énormes grues, les échafaudages et les camions étaient en place. Cependant un journaliste de l’AFP a pu constater qu’il y avait moins d’ouvriers que d’habitude.

Dimanche, le consortium Groupe Unis pour le canal (GUPC) avait déjà apaisé les inquiétudes sur la suspension éventuelle de l’ouvrage en annonçant dans un communiqué qu’il “n’avait pas l’intention de changer le statut des travaux”, malgré l’échéance du préavis de 21 jours envoyé le 30 décembre au terme duquel il menaçait de cesser ses activités.

Le GUPC, qui compte l’entrepise espagnole du bâtiment Sacyr, l’italienne Impreglio, la belge Jan de Nul et la panaméenne Constructora Urbana comme actionnaires, avait toutefois ajouté qu’il “pourrait évaluer la situation et prendre une décision en ce sens à quelque moment que ce soit”.

L’Autorité du Canal de Panama (ACP) a fait savoir de son côté que la suspension éventuelle des travaux d’élargissement n’était “pas valable juridiquement” et qu’elle allait “à l’encontre des clauses du contrat”.

Le GUPC avait lancé cette menace fin décembre pour tenter d’obtenir de l’ACP une rallonge financière de 1,6 milliard de dollars (environ 1,2 milliard d’euros) demandée pour faire face aux “surcoûts” dus à des problèmes géologiques imprévus sur le chantier.

Un montant faramineux au regard du contrat initial fixé à 3,2 milliards de dollars pour la construction d’une troisième série d’écluses.

Plusieurs tentatives de dialogue, notamment sous l’égide des autorités espagnoles et panaméennes, ont échoué jusqu’à présent, mais Sacyr a indiqué à plusieurs reprises que le consortium n’abandonnerait pas le chantier même si les négociations pour obtenir la rallonge n’ont toujours pas abouti.

L’affaire a mobilisé jusqu’à la Commission européenne, dont le vice-président Antonio Tajani mènera une médiation pour tenter de trouver “une solution financière”, a rapporté lundi le ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel García-Margallo.

M. Roy a par ailleurs annoncé la tenue mardi d’une réunion entre l’ACP, le GUPC et l’assureur Zürich America International portant sur le versement éventuel d’une caution de 600 millions de dollars pour permetttre d’achever le montage des écluses.

L’élargissement du canal doit permettre à terme le passage de navires transportant jusqu’à 12.000 conteneurs, soit plus du double de la charge actuellement autorisée à emprunter cette voie navigable de 80 km.

Ces travaux pharaoniques, d’un montant prévisionnel total de 5,2 milliards de dollars, ont commencé en 2009 et devaient initialement se terminer en 2014 afin de coïncider avec le centenaire du canal. Mais leur achèvement a été repoussé à 2015 après un premier désaccord dès le début du chantier entre l’ACP et GUPC sur la qualité du ciment utilisé.

La construction des écluses est réalisée à 65% selon l’ACP, qui évalue également à 72% l’évolution globale des travaux.

La semaine dernière, M. Quijano avait indiqué que l’activité avait été probablement réduite de 70% depuis le début de l’année. Des sources syndicales et gouvernementales ont précisé de leur côté que moins de la moitié des 5.000 ouvriers étaient présents sur le chantier.

Long de 80 km, le canal de Panama, par lequel transitent 5% du commerce maritime mondial, a été inauguré en 1914 et avait été rétrocédé par les Etats-Unis au Panama en 1999.