ène à Labessière-Candeil dans le Tarn le 20 janvier 2014 (Photo : Eric Cabanis) |
[21/01/2014 15:56:39] Paris (AFP) L’hydrogène, l’énergie du futur? Un rapport parlementaire publié mardi propose de doper son développement en France, notamment pour alimenter des voitures électriques à plus grande portée et l’injecter dans le réseau gazier, à condition qu’il soit réellement “vert”.
Ce rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) suggère des mesures à même de permettre à la France de rattraper son retard sur les deux pays en pointe en la matière, l’Allemagne et le Japon.
Les auteurs, le sénateur socialiste du Tarn Jean-Marc Pastor et le député socialiste de Moselle Laurent Kalinowski, proposent notamment de défiscaliser intégralement la production d’hydrogène (sauf à partir d’hydrocarbures) en détaxant notamment l’électricité utilisée pour le produire.
Appelant à un “positionnement clair” du gouvernement en faveur de cette énergie, ils suggèrent également d’élargir le système du “bonus écologique” aux véhicules utilitaires à pile à combustible consommant de l’hydrogène, et de simplifier la réglementation en vigueur.
“L’hydrogène n’est pas qu’un moyen de stocker de l’électricité pour le restituer un peu plus tard, son principal intérêt est d’être utilisé directement comme combustible pour véhicule ou d’être injecté dans le réseau gazier”, a plaidé M. Pastor.
Lors d’un déplacement lundi dans le Tarn, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg avait affiché son soutien et promis une “feuille de route” d’ici quelques semaines pour la filière hydrogène.
L’hydrogène a l’immense avantage de ne pas émettre de gaz à effet de serre lorsqu’il est consommé pour dégager de l’énergie. Seule de l’eau (H2O) est produite, lorsqu’il se combine avec l’oxygène. Il peut notamment être utilisé dans des véhicules électriques équipés de “piles à combustible”, qui l’utilisent pour produire de l’électricité, ce qui permet aussi d’augmenter la portée souvent faible d’une voiture électrique.
Hydrogène ‘vert’ contre hydrogène fossile
Un kilo de dihydrogène (H2) mis ainsi dans un réservoir sous pression (pour environ 6 à 8 euros du kilo actuellement) permet de rouler une centaine de kilomètres, ont rappelé MM. Pastor et Kalinowski.
électrique en hydrogène (Photo : Eric Piermont) |
Mais un des obstacles principaux à son essor est qu’il ne se trouve pas ou peu dans la nature sous sa forme utile du dihydrogène, et qu’il est actuellement quasi intégralement produit à partir d’hydrocarbures fossiles (gaz, pétrole, charbon, etc.) polluants. Une situation qui le rend au final peu vertueux, sauf pour dépolluer les villes.
Toutefois, il peut également être produit via des catalyseurs d’eau consommant de l’électricité renouvelable (éolien, photovoltaïque…) ou en extrayant l’hydrogène du biogaz, qui peut lui aussi être obtenu à partir de ressources renouvelables (fumiers, déchets, etc). Mais ces solutions “propres” pour produire de l’hydrogène ne sont pas encore compétitives.
Une des pistes, avancée par les deux parlementaires, est d’utiliser l’électricité des énergies intermittentes (photovoltaïque, éolien, etc.) pour produire de l’hydrogène lorsque la demande en courant (et donc son prix) est faible. Cette solution permettrait en outre de stocker de l’énergie, un des grands points faibles de l’électricité.
Ce système, dit de “Power to gas”, nécessiterait probablement de revoir le système en vigueur du tarif d’achat de l’électricité renouvelable, puisque actuellement en France, toute l’électricité “verte” est injectée en priorité sur le réseau.
Hautement inflammable
Derniers obstacles à l’émergence de l’hydrogène: la construction nécessaire d’un nouveau réseau de stations de distribution, et d’infrastructures de transport, forcément coûteuses, du fait des contraintes physiques et de sécurité, le dihydrogène étant hautement inflammable.
Une solution, suggérée par le rapport, serait alors d’injecter l’hydrogène dans le réseau gazier classique en proportions limitées (à raison de 5 à 20%) pour alimenter les chaudières et les gazinières des Français.
Les constructeurs français Renault et PSA ont eux privilégié respectivement les voitures électriques à batterie et hybrides. Mais des géants français comme Air Liquide, GDF Suez, Areva ou Total oeuvrent à l’émergence de l’hydrogène. Une start-up, McPhy Energy, a également mis au point une solution de stockage d’hydrogène sous forme solide.
Des constructeurs comme Toyota, BMW, Daimler ou Nissan planchent sur des véhicules de série à horizon 2015-2020.