Le Drian : un plan pour “préparer la France à la guerre cybernétique”

70d310a0036621409c04af6ebb9183d3e7fd5324.jpg
éfense français Jean-Yves Le Drian à Cazaux, le 7 janvier 2014 (Photo : Jean-Pierre Muller)

[21/01/2014 19:22:17] Paris (AFP) Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, a annoncé mardi un “plan défense cyber” pour que la France se prépare “à la guerre cybernétique”, “champ stratégique” qui est une de ses priorités et pour lequel il veut des moyens accrus.

Ce plan, qu’il lancera “dans quelques semaines” nécessitera l’engagement d’un milliard et demi d’euros d’ici la fin de la loi de programmation militaire 2014-2019, a-t-il précisé dans une intervention au premier jour du Forum annuel sur la cybersécurité tenu jusqu’à mercredi à Lille.

“Il faut changer d’échelle”, a souligné M. le Drian, en indiquant que les cyberattaques contre son ministère ont quadruplé en deux ans

Dans une interview mardi sur ce même sujet au quotidien Les Echos, M. Le Drian en avait donné le détail: “En 2013, nous avons répertorié 780 incidents informatiques significatifs au sein du ministère de la Défense, contre 195 en 2011”.

“Avancée majeure”

A Lille, il a souligné que “face à un nombre d’attaques qui double chaque année, nous devons recruter des experts, aptes à protéger, détecter, réparer, répliquer”.

Pour traduire cette “avancée majeure” dans les faits, le ministre de la Défense entend soutenir les troupes françaises en opération en leur apportant de “nouvelles capacités défensives et offensives, appuyées par un renseignement d’intérêt cyber”, qu’il veut “voir développer de façon volontariste”.

Parmi les mesures envisagées, il faut “former tous nos personnels, depuis les simples utilisateurs jusqu’aux experts chevronnés, à qui il faudra offrir des perspectives de carrière”, et “aider à structurer une base industrielle” française “encore fragile”, a déclaré M. Le Drian.

Ainsi, “les effectifs cyber du centre +maîtrise de l’information+ de la Direction générale de l’armement (DGA) vont presque doubler, pour passer de 250 à 450 dans les années qui viennent”, et “nous allons déjà tripler le volume des études amont consacrées à la cyber”, a-t-il indiqué. Ce triplement, avait-il précisé plus tôt aux Echos, va faire passer le budget études à 30 millions d’euros par an.

Dans l’interview aux Echos, M. Le Drian avait pointé “un accroissement des risques, qu’il s’agisse de paralysie des systèmes étatiques ou d’attaques visant à détruire nos moyens d’information ou de commandement”.

“Ce sont généralement des attaques de faible ampleur, provenant d’une puissance étrangère ou d’un groupe d’activistes, mais qui montrent clairement une tentative d’intrusion des réseaux susceptibles de toucher nos forces en opération extérieure ou même nos partenaires”, avait expliqué au journal le proche du chef de l’Etat.

Dans l’entretien, il avait évoqué enfin la coopération européenne: “L’Agence européenne de défense a reçu un mandat en ce sens. On peut envisager un partage de méthodes, une coopération en matières de plates-formes ou d’expertise. Voire l’établissement d’un code de bonne conduite?”

Devant le Forum lillois, M. Le Drian a rappelé son projet d’installer en Bretagne “un pôle d’excellence Cyber”, déjà évoqué en juin à Rennes, pas tant à cause de son attachement à sa province d’origine, que parce que “d’abord, le ministère y dispose déjà d’implantations uniques” comme l’école de transmission de Rennes, le centre de la DGA “maîtrise de l’information” à Bruz, et l’école militaire de Saint-Cyr Coëtquidan.