Le Royaume-Uni savoure la renaissance de son industrie automobile

5a25946bbf8865d4065c7b02636dd1ae68bcb5b1.jpg
Angleterre, le 18 novembre 2013 (Photo : Andrew Cowie)

[22/01/2014 09:54:24] Sunderland (Royaume-Uni) (AFP) Alors que Nissan lance officiellement mercredi la production d’une nouvelle version du véhicule à succès Qashqai à Sunderland, l’ensemble de l’industrie automobile britannique connaît une période faste et devrait battre de nouveaux records ces prochaines années.

“Nous avons une grande usine qui est compétitive, qui fabrique de la bonne qualité à un bon coût”, résume Kevin Fitzpatrick, responsable de la production du constructeur japonais pour le Royaume-Uni.

Nissan avait choisi en 1984 Sunderland, une ville du nord-est de l’Angleterre proche de Newcastle pour y implanter son usine, ouverte deux ans plus tard. C’était alors une nouvelle inespérée pour cette ville sinistrée en raison du déclin des industries traditionnelles.

Les Japonais avaient parié sur une région située à proximité d’un port en eau profonde, riche en main d’oeuvre qualifiée mais sans emplois, où les responsables politiques étaient prêts à accorder des subventions.

Aujourd’hui, plus de 500.000 véhicules par an – plus que la production de véhicules particuliers de l’ensemble de l’Italie – sortent de Sunderland, devenue la première usine automobile britannique avec 7.000 emplois.

Elle tourne 24 heures sur 24 et produit, outre le Qashqai, les modèles Juke, Note, la Leaf électrique et bientôt une berline de la marque de luxe Infiniti.

ce8574f5a39db9cbf7580a8a8385bec672a7b373.jpg
ANgleterre, le 18 novembre 2013 (Photo : Andrew Cowie)

La production du Qashqai de nouvelle génération vient de débuter en décembre, avec une inauguration officielle en grande pompe ce mercredi, et Nissan compte bien en vendre toujours autant et garder sa place de numéro un européen sur ce segment du véhicule dit “crossover”, à mi-chemin entre la berline et la voiture tout-terrain.

“Ils ont choisi pour Sunderland des produits qui plaisent: le Qashqai est un véhicule qui avait plusieurs années d?avance et a eu un succès absolument incroyable en Europe”, souligne Denis Schemoul, analyste chez IHS Automotive.

“Ils ont fait des produits qui marchent bien et c?est l?une des raisons essentielles ? au-delà de la compétitivité, de la qualité et de la productivité de l?usine ? du succès de Nissan” dans le pays, insiste-t-il.

C’est également vrai pour les autres constructeurs installés au Royaume-Uni, dont les modèles connaissent un vrai succès commercial et qui ont multiplié les investissements et les annonces de création d’emplois l’an dernier, que ce soit Jaguar Land Rover, propriété de l’indien Tata, ou Mini, qui appartient à l’allemand BMW.

Après des années 2000 marquées par les fermetures d’usines – avec la faillite pure et simple de la marque Rover ou la fermeture du site PSA de Ryton – l’industrie britannique connaît ainsi une véritable renaissance.

La production devrait bientôt dépasser celle de la France

Fort de cette croissance, le Royaume-Uni espère même doubler prochainement la France, qui se débat de son côté dans des problèmes de surcapacités.

b81c20ffc09d8b720276d83aba56bdaa27e870cd.jpg
Angleterre, le 18 novembre 2013 (Photo : Andrew Cowie)

Le Royaume-Uni a produit environ 1,5 million de voitures l’an dernier et devrait d’ici 2017 dépasser son record de 1972, qui était de 1,92 million de voitures, prévoit l’Association britannique des constructeurs et des vendeurs d’automobiles (SMMT).

“D?ici 2017/18, nous fabriquerons peut-être plus de véhicules particuliers au Royaume-Uni que nous ne l?avons jamais fait dans notre histoire pour nous classer deuxième en Europe derrière l’Allemagne en termes de production de voitures”, prévoit Mike Hawes, le directeur général de la SMMT.

La seule inquiétude des industriels pour ces prochaines années est d’ordre politique, alors que le Premier ministre conservateur, David Cameron, a promis un référendum d’ici 2017 sur une sortie éventuelle du Royaume-Uni de l’UE si son camp était réélu en 2015.

“La position de Nissan est de soutenir une politique qui maintienne un libre accès aux marchés”, explique Kevin Fitzpatrick, alors que 80% de la production de Sunderland est destinée à l’exportation – essentiellement vers l’Europe.

Carlos Ghosn, PDG de Renault-Nissan, a été encore plus clair en prévenant en novembre qu’il “reconsidérerait sa stratégie et ses investissements” si Londres prenait la porte.